La venue de Zemmour crée la polémique

Le polémiste français viendra signer son livre à la fin du mois. Un entrepreneur genevois lance une pétition pour s’opposer à cette conférence.

  • Le polémiste français est invité à parler de son livre les 24 et 25 novembre. DR

L’annonce de la venue d’Eric Zemmour à Genève est restée discrète. Pourtant, elle n’a pas échappé à ses opposants. Au point qu’une pétition est née, comme l’a révélé, lundi 8 novembre, le site Watson.ch. Le texte demande aux autorités d’interdire la tenue de la conférence du polémiste français. En trois jours, plus de 150 signatures numériques ont été recueillies.

L’auteur de la pétition, Karim Bakhti, un entrepreneur genevois, explique avoir agi en tant que «citoyen qui se sent concerné par la montée des idées xénophobes, racistes et islamophobes». Il estime qu’on «ne doit pas normaliser ce type de discours» et s’inquiète de «la tribune dont dispose l’extrême droite aujourd’hui».

«Précédents à Genève»

De son côté, la présidente et fondatrice de Convergences Genève, Colette Cellerin, confirme avoir invité le polémiste français les 24 et 25 novembre, sans vouloir préciser le lieu. Elle se défend de faire de la politique. «Il vient parler de son livre. Comme l’ont fait avant lui Georges Malbrunot ou encore Jean-Christophe Rufin.»

Pas de quoi convaincre Karim Bakhti. Rappelant qu’Eric Zemmour a été condamné pour provocation à la haine, le pétitionnaire affirme: «Il y a eu des précédents à Genève où les autorités ont interdit de salle des personnalités jugées polémiques.» Et de citer l’exemple de l’activiste franco-béninois Kémi Séba et de l’humoriste français Dieudonné M’Bala M’Bala.

«Pas de censure préalable»

«C’est faux. A aucun moment, il n’y a eu de censure préalable. De telles mesures ne sont ni acceptées, ni acceptables en Suisse», précise le secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (Cicad), Johanne Gurfinkiel. Si la Cicad dénonce bien entendu tout propos ou acte à caractère antisémite, elle intervient sur la base de faits constatés sur le territoire suisse. Johanne Gurfinkiel conclut: «Concentrons-nous plutôt sur les combats autour de valeurs qui nous rassemblent.»

L'avis de Genevois

Etes-vous pour ou contre la venue d’Eric Zemmour à Genève?

David, étudiant: «Je suis contre. Avec lui, on traite tous les sujets de façon extrême. Il repousse constamment les limites de ce qu’on peut dire.»

Clara, prof: «Je pense qu’il doit pouvoir venir. Laissons-le faire son cirque! C’est du show, du spectacle.»

Juan, comptable: «Je m’en fiche. Mais même si je n’ai pas les mêmes idées que lui, je pense qu’on ne devrait pas lui interdire de venir débattre.»

Feliciana, bijoutière:«Je ne partage pas sa conception du vivre ensemble. On ne peut pas renier ses racines. Pourquoi venir débattre à Genève sur des problématiques françaises?»