Chassez le naturel...

RÉMUNÉRATIONS • Le consultant et gestionnaire genevois Ethos a publié récemment les résultats d’une étude sur les rémunérations des dirigeants des principales sociétés suisses cotées en bourse.

Il n’y a pas de quoi plaindre cette catégorie de salariés. En 2013, en moyenne, elle a gagné entre 2% et 8% de plus qu’en 2012. Les financiers sont les mieux lotis dans ce classement.

Parallèlement l’opacité demeure à l’ordre du jour car si les fiches de paie parviennent correctement dans les mains des Dames et Messieurs Propre de l’économie par le biais des rapports de gestion, il n’en est pas de même des bonus qui constituent le véritable bas de laine des acteurs de l’industrie et de la finance. Plus du tiers des entreprises ne fixent aucun plafond préalable limitant ces prébendes.

Dit synthétiquement, le monde de la finance fait des progrès, il devient plus transparent, félicitent les éthiciens de l’économie. Mais il peut mieux faire, s’empressent-ils de nuancer. «Il serait prématuré et naïf d’affirmer que la dictature des marchés financiers fondée sur la puissance d’algorithmes informatiques échappant à tout contrôle a été terrassée», ajoute de son côté le journaliste suisse Blaise Lempen dans un livre qui vient de paraître chez Georg Editeur, La démocratie à l’ère numérique.

Freiner les inégalités pour sauver le capitalisme de la noyade. L’intention est louable mais les régulations mises en place un peu partout depuis le krach de 2008 ne parviennent pas à rassurer sur les capacités du système à limiter les excès. Suffisent-elles surtout à améliorer le quotidien de la population? Déçue, l’opinion publique pourrait se retourner contre les moralisateurs, avertit Lempen.

L’acceptation de l’initiative Minder par le peuple ne serait-elle qu’un coup d’épée dans l’eau? Chassez le naturel, il revient au galop.