L’énigme allemande

AIDES à LA GRECE • Bienheureux les Grecs car ce qu’ils demandent, ils l’obtiennent. On pourrait résumer par cette béatitude le jeu de la barbichette auquel se livrent Bruxelles et Athènes sur fond de désastre économique et financier. La Grèce critique-t-elle la gouvernance allemande, comparée aux occupants nazis? Pas de problème, réagit Berlin: sursis prolongé de quatre mois! La «récompense» octroyée au «moustique» est d’autant plus remarquable qu’elle n’implique, en retour, aucun geste de reconnaissance. Si ce n’est la garantie que la Grèce, un gros importateur d’armements, continuera à régler la facture de ses équipements militaires achetés à l’Allemagne... Et à un autre fournisseur important de blindés: les Etats-Unis! Les premiers applaudissements après l’accord conclu le 20 février entre Athènes et ses créanciers ne sont pas venus pour rien de Barack Obama. Ne nous leurrons pas, ce qui vaut à la Grèce tant de mansuétude, ce ne sont pas les options sociales, légitimes et estimables, de ses dirigeants. Mais la perspective qu’un Grexit repoussé aux... calendes grecques incitera les dominos ibériques à faire à leur tour la sourde oreille aux sirènes anti-euro. A se demander pourquoi l’Amérique affiche de l’empathie envers une monnaie qui lui dispute la prééminence mondiale. Serait-ce parce que l’euro neutralise les velléités de renaissance du mark allemand? Ou tiendrait-ce à son innocuité relative, surtout depuis une fameuse affaire de jambes en l’air. Avant qu’il ne fournisse la corde pour le pendre, l‘infortuné DSK, encore lui, militait en faveur d’un panier de monnaie dans lequel le billet vert deviendrait la portion congrue.

To Greece or not to Greece? Bruxelles ne coulera peut-être pas avec Athènes. Reste à savoir combien de temps encore l’Allemagne tolérera que tout se délite autour d’elle?