Récemment, France 2 consacrait son œil sur la planète au miracle suisse, avec ce message pas du tout subliminal adressé aux habitants de l’Hexagone: Françaises, Français, observez ce petit peuple voisin dont le taux de chômage est l’un des plus bas au monde, inspirez-vous de son modèle économique et politique. Flatteur, mais qu’est-ce qui lui prend, au coq gaulois?Quelle mouche l’a piqué pour qu’il tresse tout à coup la couronne de Napoléon à l’un de ses souffre-douleur préférés?
Mis au Panthéon de la réussite, le Suisse moyen touche du bois. D’accord, nos écoles spécialisées et nos filières d’apprentissage font leurs preuves.
Oui, le peuple peut changer le cours des choses par le seul pouvoir des urnes.
Mais que dire de la sombre inconnue qui pèse sur le secteur financier? Ces génuflexions que l’on consent afin d’amadouer le fisc étranger? Ces milliers d’avocats d’affaires et de gestionnaires de fortune qui accompagnent à la fosse commune la dépouille du secret bancaire, fonds de commerce de Dame Helvétie.
L’image d’Epinal issue d’un reportage télévisé parvient-elle à cacher aux innombrables fins de droit la relativité du plein-emploi?
Si la Suisse se consolera une fois de plus en constatant que cela va moins bien ailleurs, faut-il vraiment que sa chance réside dans un comparatif cartésien?