Les socialistes orphelins de Dieu

Pour la campagne électorale de cet automne, les socialistes devront se passer de la présence de Dieu. 

  • Manuel Tornare

    Manuel Tornare

Il a fait savoir, Dieu, le jour de la rentrée, lundi 7 janvier 2013, qu'il n'irait pas solliciter une nouvelle fois les suffrages de son parti pour l'investiture au Conseil d'Etat. Voilà donc les socialistes genevois orphelins de Dieu, statut qui n'est pas toujours facile à vivre, même au sein d'une République dûment laïque, depuis 1907. Existe-t-il un monde après Dieu, les roses refleuriront-elles ce printemps? Et celles de septembre?

Dieu, alias Manuel Tornare, en a sa claque. Marre, deux fois de suite, 2009 et 2012, d'avoir été écarté en assemblée par une bande de militants ignares, ingrats, voire pire féministes à l'extrême, les trois horreurs étant parfaitement cumulables, et en effet souvent cumulées. Bref, un parti de ploucs, incapables de reconnaître son génie, qu'ils aillent donc vivre sous d'autres obscurités leurs vies de rongeurs grégaires, ignorants de toute lumière, désertés par toute grâce. Manuel, lui, continuera la sienne, sous le soleil, officiellement sans contrarier la grande famille qu'il fréquente depuis l'âge de quinze ans, officieusement ça reste à voir.

Dieu a raison d'en avoir marre. Les erreurs de casting manifestes en sa défaveur, autant en 2009 qu'en 2012, sous des prétextes aussi improbables que le féminisme ou la fidélité militante, il a parfaitement raison d'en prendre ombrage. Assurément, voilà les socialistes privés du meilleur des leurs, le plus populaire, le plus éligible, le plus expérimenté, le plus cultivé. Il eût fait, je l'affirme, un remarquable chef du DIP.

L'avenir du parti, cela pourrait bien être un ticket Salerno-Apothéloz. Avec, au final, combien d'élus? L'avenir de Manuel Tornare, c'est finir, d'ici l'automne 2015, un mandat de conseiller national où on aimerait qu'il donne un peu moins l'impression de s'ennuyer. Et puis, pourquoi pas, occuper un jour, à Genève, l'une de ces fonctions de prestige et de visibilité dans lesquelles il excelle. Une chose est sûre: le premier des Genevois, sans être officiellement le premier à Genève, a encore beaucoup de services à rendre à cette République qu'il aime et qu'il a servie avec un rare talent.