Les oubliés de la République

  • Christine Zaugg, rédactrice en chef adjointe.

    Christine Zaugg, rédactrice en chef adjointe.

Genève a franchi un seuil de pauvreté extrême. La preuve? Depuis quelques semaines, les Colis du cœur n’arrivent plus à suivre face à l’affluence de demandes pour obtenir des denrées et produits de première nécessité. Du jamais vu.

Qui sont ces nouveaux pauvres? Des nouveaux migrants? Des citoyens en rupture sociale?

Non, aujourd’hui, un tiers des colis sont offerts à des gens d’ici en détresse, des Genevois, des résidents qui ne peuvent plus boucler leurs fins de mois, des chômeurs en fin de droit, des familles avec enfants en bas âge, acculées par leurs factures d’assurance-maladie, de loyer et d’impôts.

Ainsi, lors de la distribution hebdomadaire d’un colis d’une valeur de 30 francs, les échanges entre ayant droit qui ont obtenu le fameux sésame remis par un service social, tournent parfois au vinaigre. Pour des nouilles, du shampoing que d’autres n’ont pas reçus dans leur colis, ces nouveaux pauvres lorgnent sur la pauvreté de l’autre, de peur de ne pas recevoir leurs victuailles hebdomadaires. Un combat de détresse analysé de près par le Canton, inquiet face à l’explosion d’assistés locaux.