Péché originel

  • Giancarlo Mariani - Rédacteur en chef

    Giancarlo Mariani - Rédacteur en chef

Nouvelle Constitution, la belle affaire. Lorsque le Peuple a dit oui à la Constituante, en 2008, il n'a pas demandé un simple toilettage cosmétique de l'actuelle «Constitution fazyste», la plus vieille du pays (1847). Non. Il a donné un véritable blanc-seing aux 80 constituants afin qu'ils lui payent, à coups de millions, une seconde jeunesse. Les espoirs les plus fous étaient alors permis. On allait voir ce qu'on allait voir.Et patatra! A quelques jours d'un vote essentiel pour l'avenir de Genève (lire en page 17), demandez à votre voisin(e) trois grands changements apportés par la nouvelle Constitution. Vous mesurerez alors à quel point le silence embarrassé est d'or. Le texte soumis au Peuple compte pourtant 237 articles. Plutôt bien fichus et pour un grand nombre innovants. Le problème, c'est qu'ils ont été échafaudés à l'écart par une assemblée certes passionnée, travailleuse et sans doute compétente mais trop politisée. En se partageant le gâteau de la Constituante, les partis politiques l'ont coupée, dès le départ, de sa principale source: la société civile et les citoyens. Un péché originel qu'ils risquent de payer cher. Difficile en effet pour les Genevois de se sentir concernés. Difficile pour eux de procéder à une analyse fine du contenu, le seul qui compte. Place au contraire aux doutes, voire à la méfiance. Qu'est-ce que c'est que ce texte qui veut faire le bonheur des gens à leur insu.En attendant d'être fixés au soir du 14 octobre, et quel que soit le résultat du vote, il est vital que tous les élus retiennent au moins une leçon. Nouvelle Constitution ou pas, s'ils ne s'occupent pas mieux du Peuple, c'est le Peuple qui s'occupera d'eux.