Plumés comme des pigeons

Les primes-maladie payées en trop par les assurés genevois sont «partiellement remboursées» (lire en page 5). A priori, c’est plutôt une excellente nouvelle. La justice confédérale est enfin rendue. A bien y regarder, ce n’est pas tout à fait le cas. Pause estivale aidant, la Berne fédérale en a plutôt profité pour discrètement s’assoir sur un principe de taille: l’équité de traitement entre cantons. Dans le domaine des primes de l’assurance-maladie, la maîtrise des coûts – dont dépendent les primes – est du seul ressort cantonal. Il n’y a donc aucune raison pour que les assurés genevois, ceux étranglés par la hausse des primes, ne soient pas «entièrement remboursés» et bénéficient en priorité de la solidarité du système. Pour défendre ce principe, il est urgent que nos élus à Berne montrent les dents. Qu’ils scellent des alliances avec d’autres cantons lésés, romands et alémaniques. Dans ce dossier, le fossé n’est pas linguistique, il est moral et financier. Il est aussi dans un rapport de force entre profiteurs et donateurs qui est appelé à se durcir sur d’autres dossiers: fiscalité, infrastructures, etc. La prospérité du canton et en jeu. Si nous ne sommes pas en mesure de la défendre, il ne faudra pas se plaindre, ensuite, d’être plumés comme des pigeons.