Branle-bas de combat, CNN débarque

MÉDIAS SUISSES • Branle-bas de combat, les Martiens débarquent en Suisse! L’objet volant très identifié, se nomme CNN, une chaîne américaine qui diffusera un programme en langue anglaise, dès l’été prochain, depuis Genève et Zurich. Economie et finance surtout, mais aussi sport et loisirs, histoire de semer encore plus la confusion à l’heure de la disparition de L’Hebdo, dans un paysage médiatique helvétique dévasté par la guerre que le géant zurichois de la presse écrite Tamedia livre au groupe helvético-germanique Ringier Axel Springer, depuis que ce dernier s’est allié à la SSR et à Swisscom. En jeu, bien sûr, la publicité. L’arrivée de CNN complique la donne car la chaîne américaine mangera aussi une part du gâteau.

Le paysage médiatique suisse affronte une profonde transformation dont on ne maîtrise que très imparfaitement les conséquences pour l’équilibre du pays. En 2018, le peuple devrait se prononcer sur l’initiative No Billag qui vise l’émasculation de la SSR. Au vif débat politique que suscite déjà cette perspective, s’ajoute la fin programmée du modèle papier. Ce ne sera pas pour tout de suite mais les propriétaires de journaux se préparent sérieusement à ne plus renouveler leur parc de rotatives.

L’entrée en lice d’un acteur télévisé anglophone de la taille de CNN ne joue pas un rôle direct dans la mutation de la presse écrite mais pose avant tout un problème culturel. Cette fois, ce ne sont plus seulement les régions linguistiques minoritaires qui doivent se méfier. La Suisse alémanique passera aussi à la moulinette. Oh, elle n’en mourra pas, elle qui a tellement l’habitude de batifoler avec le monde anglo-saxon. Mais il lui faudra néanmoins subir le rouleau compresseur américain. Le même qui déploie sa puissance de Moscou à Denver. En passant par Davos où le vrai patron est déjà CNN. La chaîne y dicte l’agenda, elle décide du sort médiatique à réserver à la directrice du FMI, au président de la BNS. Elle donne le ton idéologique en définissant les grandes orientations du moment sous l’aile omniprésente du dogme libéral. Son présentateur vedette se rend invariablement à Zurich après la réunion du WEF où la presse locale lui déroule le tapis rouge. Bientôt les décideurs en feront de même. Et l’information ne sera plus qu’une monocorde litanie.