«A cause du couvre-feu, la Vieille-Ville agonise»

  • Jean-Yves Glauser, dit Glôzu, patron du restaurant de l’Hôtel-de-Ville

    Jean-Yves Glauser, dit Glôzu, patron du restaurant de l’Hôtel-de-Ville

TRISTE NOËL • Venez découvrir la Vieille-Ville dans son aspect d’aujourd’hui! Elle est devenue morose et déprimante. Que s’est-il passé pour en arriver à ce point? Il y a une vingtaine d’années, un projet prévoyait d’interdire la circulation en Vieille-Ville avec des bornes amovibles. Projet qui a vite été mis aux oubliettes, car il mettait en péril la vie nocturne. Mais voilà, l’été dernier, le projet a été appliqué en catimini, sans que les commerçants et restaurateurs ne soient consultés. Mis devant le fait accompli, ils ont eu la stupeur de voir pousser ces fameuses bornes amovibles interdisant toute circulation de 19h à 7h. Si d’autres grandes villes adhèrent à ces zones piétonnes, en revanche, elles animent leurs cités avec des ouvertures prolongées de boutiques, des échoppes égayées avec des groupes de musique, des marchés aux fleurs, brocantes et j’en passe... Et qu’en est-il chez nous? Ce Noël, il n’y aura aucune guirlande, de la rue de la Cité jusqu’à la Grand-Rue, et ceci par manque de moyens, non pas des autorités, mais des commerçants qui n’arrivent plus à payer… Et quid des touristes dans une Vieille-Ville aussi tristounette? Ils suivent le guide relatant l’historique de la Cité de Calvin, en passant par le Musée de la Réforme, la Maison Tavel, la Cour de l’Hôtel-de-Ville, l’Arcade Rousseau, la plaque Michel-Simon, la Treille et ne manquent pas de faire un crochet jusqu’au Mur des Réformateurs. Les badauds, quant à eux, se baladent avec le plan, observent, se renseignent, et tout comme les groupes touristiques, le soir venu, désertent la Vieille-Ville. Difficile de faire autrement, on ne peut plus y accéder, sauf les ayants droit, habitants, cyclistes et handicapés. Avec ce couvre-feu, la Vieille-Ville agonise et nous, exploitants de commerces, nous suivons ce convoi funèbre… Et pendant ce temps, le soir, des petits groupes d’excités, bouteilles à la main et imbibés de substances illicites, vocifèrent, cassent, salissent, urinent dans la rue. En toute impunité.