«Fous foulez chancher d’azuransse?»

ARNAQUE • A l’heure où les primes d’assurance-maladie explosent, des assurés sont la cible de démarcheurs publicitaires douteux.

  • La technique, baptisée spoofing, consiste à usurper un numéro existant.  ISTOCK/DR

    La technique, baptisée spoofing, consiste à usurper un numéro existant. ISTOCK/DR

  • La technique, baptisée spoofing, consiste à usurper un numéro existant.  ISTOCK/DR

    La technique, baptisée spoofing, consiste à usurper un numéro existant. ISTOCK/DR

«Bonzour, fous barlez alban? Sprenchen sie doutsch?» demande dans un langage incompréhensible, un homme avec un accent douteux, entre le hochdeutsch et une pointe d’arabe. Au bout du natel, l’interlocuteur ne comprend rien: «Non pourquoi?» Et hop, l’homme raccroche. Dix minutes plus tard, rebelote. Un autre téléphone provenant d’un indicatif suisse similaire s’est répété et la Genevoise se fait toujours raccrocher au nez. En une seule journée, elle a reçu, une dizaine d’appels identiques. A n’y rien comprendre.

Inquiétante vague

Ces dernières semaines, de nombreux assurés genevois ont été victimes de ce type de harcèlement téléphonique. «Moi, j’ai répondu que je parlais allemand et là on m’a expliqué qu’il était urgent que je change de caisse maladie, que je devais prendre rendez-vous avec eux… Et dès que j’ai questionné sur qui ils étaient, on m’a raccroché au nez.» Daniel, Sandra ou encore Joëlle ont signalé ces abus à la Fédération romande des consommateurs (FRC).

«Nous avons effectivement des plaintes pour du télémarketing sur natels, confirme Mathieu Fleury, sercrétaire général de la FRC. Le phénomène est nouveau.»

Hausse des primes

Si ces harcèlements téléphoniques déferlent actuellement, bien entendu, c’est parce que les Suisses viennent de subir de fortes hausses de primes maladies. Quel est le but des démarcheurs? «La technique baptisée spoofing, consiste à usurper un numéro existant, qui sera affiché en lieu et place du numéro de l’appelant, détaille Mathieu Fleury. Ces escrocs veulent alpaguer un assuré, leur donner rendez-vous et leur démontrer que telle assurance est mieux que l’autre.» Et d’enchaîner: «En réalité, ce sont des ordinateurs qui font des téléphones automatiques. Les appels proviennent d’Afrique du Nord. Ce sont des gens malveillants, contactés sans doute par des courtiers en assurances suisses, qui vendent des carnets d’adresses.» In fine, le but est de donner aux démarcheurs une jolie commission. «Nous avons mis en garde les assureurs car il s’agit d’un délit pénal», rappelle Mathieu Fleury.

L’ASSUAS veille au grain

Du côté de la section genevoise de l’association des assureurs (ASSUAS), on confirme être au courant de ces pratiques, tout en admettant la difficulté de remonter les filières. «Il est indispensable d’actionner la justice pour aider les enquêteurs qui luttent contre les cyberescrocs, appuie son président Jean-Paul Derouette. Nous conseillons aussi aux victimes de nous contacter rapidement afin qu’elles ne se fassent pas piéger par des soi-disantes validations de contrats par téléphone.» Si les réclamations sont nombreuses, l’ASSUAS prévoit même des lettres types pour aider les victimes.

Les combines pour alpaguer les assurés

ChZ • Les cas d’appels de télémarketing sur téléphones portables ont été rapportés à la Fédération romande des consommateurs (FRC) depuis cet été. Et comment ces centres d’appels ont-ils connaissance de nos numéros de mobiles, souvent absents de l’annuaire? «En les détectant sur internet, ou en composant au hasard plusieurs numéros débutants par les préfixes habituels des portables» détaille la FRC. Ces appels émanent généralement d’entreprises basées à l’étranger, principalement en Afrique du Nord et qui utilisent des numéros écrans qui ont l’apparence des numéros helvétiques. Il n’existe aucune solution pour se prémunir à 100% contre ces appels intempestifs. Sur smartphone, il y a tout de même la possibilité de bloquer, au cas par cas les numéros qui vous importunent. Seul hic, il faut d’abord l’accepter comme nouveau identifiant pour ensuite le bloquer.

De son côté, l’Office fédéral de la communication (OFCOM) annonce que les opérateurs de télécoms peuvent bloquer de tels appels, bien entendu, avec l’accord du titulaire de ces numéros, et pour autant que le numéro soit attribué. Dans la foulée, l’OFCOM a pris des mesures pour lutter contre l’utilisation abusive de numéros de téléphone suisses par des démarcheurs.