La police municipale passe des nuits tranquilles

REPORTAGE • Alors qu’une nouvelle loi se discute au Grand Conseil, GHI a suivi une patrouille de nuit.

  • Un homme sans papiers est contrôlé. Il pourra repartir. DTT

    Un homme sans papiers est contrôlé. Il pourra repartir. DTT

Le rendez-vous est fixé à 20 heures, une nuit de grand froid de janvier, devant la poste du Mont-Blanc. Trois agents nous attendent. Direction les galeries marchandes de la gare. Il est encore tôt. Les nombreux blacks que nous croisons se fendent d’un «bonsoir chef». Sous Cornavin, c’est calme. Direction le square Pradier. Les agents s’inquiètent d’un dépôt de sacs poubelles qui bloquent l’entrée d’un bar. Interpellé, le patron du restaurant «coupable» s’engage à retirer ses détritus. Les agents décident de lui laisser un peu de temps et de repasser plus tard.

Contrôles Rue de Berne et alentours, les automobiles sont nombreuses à être parquées illégalement. Le travail des agents consiste alors à retrouver les propriétaires et à leur demander de bouger leur véhicule. On se rend ensuite au poste, rue Rothschild. En chemin, des personnes regroupées dans le préau de l’école partent à la vue des uniformes. L’un des fuyards est toutefois interpellé un peu plus loin. Contrôlé et fouillé, l’homme, d’origine africaine, n’a ni papiers, ni adresse. Il n’a pas de drogue sur lui. Il peut repartir. Après une courte pause au poste pour se restaurer, les agents repartent dans la rue. Appelés par leur centrale, on leur signale du bruit dans un bar rue Rossi. Pas de quoi fouetter un chat, des Philippins chantent un peu trop fort. Les responsables du lieu s’engagent à baisser le volume, ce qui est fait. On retourne à la gare. Trois jeunes femmes fument un joint devant les toilettes de la galerie marchande. Les agents établissent un rapport, le trio sera verbalisé.

Lors de ce contrôle, d’autres jeunes, passablement éméchés, créent du ramdam. Ils sont trois. Les agents leur demandent de se calmer. Le ton monte un peu. L’un des membres du trio est assez excité. Les agents l’arrêtent en haut d’un escalator. Contrôle d’identité, fouille. L’homme est mal à l’aise et va être emmené au poste de police des Pâquis. Etait-il recherché? Sans doute. Dans un mouvement rapide, il prend la fuite tel Usain Bolt. Les policiers, lourdement harnachés d’outils de dissuasion, ne le rattraperont pas. La nuit avance. Au square Pradier, tout est rentré dans l’ordre. Les sacs-poubelles ont disparu. Retour à la rue de Berne où une voiture mal parquée, sans conducteur, moteur en marche, attire l’attention. Un homme est sur le siège arrière, la serrure de la portière est abîmée. Les plaques sont françaises. Les explications du conducteur revenu d’un achat de clopes ne semblent pas convaincre les agents. Ces derniers doivent alors passer par la centrale police pour procéder au contrôle de ce véhicule. L’attente dure plus de 30 minutes. Tout est en règle.

Retour au poste pour une petite pause-café. Il fait froid. L’heure arrive gentiment où les bars ferment. Il est deux heures et les personnes enivrées sont toujours plus nombreuses. Les Pâquis restent un lieu animé. Un quartier chaud, même en hiver. A de multiples reprises, les agents demandent aux clients des commerces de parler moins fort. D’éviter d’uriner dans la rue. A un autre d’attacher son chien. A un autre encore, de rentrer à pied, son scooter n’étant pas de première jeunesse et la lucidité du pilote discutable.

En retraversant pour la dernière fois le quartier, les agents interpellent encore un individu sortant d’un bar. L’indélicat urine copieusement contre le mur extérieur de son immeuble. Lui aussi recevra une amende.

Une soirée finalement bien calme.

Vraie police ou demi-police?

DTT • Le Grand Conseil devra se prononcer cette année sur une modification de la loi sur la police municipale. Elle vise principalement à offrir aux APM le fameux brevet de policier. Les agents de la police municipale sont en effet les seuls de Suisse à ne pas posséder le brevet de policier. Leur formation particulière dure 7 mois contre 12 pour les «vrais» flics. Depuis 2013, les APM ont toutefois obtenu de nouvelles prérogatives leur permettant d’appliquer diverses infractions inscrites au code pénal, comme la loi sur les stupéfiants ou encore la loi sur les étrangers. D’ici 2016, les quelque 200 APM de la Ville de Genève devraient être tous formés et leurs compétences totalement efficientes. Magistrat en charge de la sécurité, Guillaume Barazzone estime que d’ici 3 à 5 ans, tout sera opérationnel. Autre particularité, les policiers municipaux possèdent leur propre centrale d’alarme téléphonique, le méconnu 022.418.22.22. Pour le syndicat des APM, celle-ci fait clairement doublon avec celle de la police cantonale, le 117.