«La règle du tabou»

  • Gil Egger, rédacteur en chef de 1989 à 2006. MICHAEL AMMANN

    Gil Egger, rédacteur en chef de 1989 à 2006. MICHAEL AMMANN

GIL EGGER • La principale gangrène du journalisme s’appelle le «suivisme». Un journal suivant ce que dit l’autre, voici l’uniformité dans le traitement de l’information. Quand il s’agit de se différencier, on joue la surenchère, mais toujours dans le même sens. Le slogan inauguré à l’occasion d’une nouvelle maquette de GHI, «le culot dans l’info», visait à combattre ça.

Pas facile à assumer sans se contraindre, jour après jour, à lever les tabous. A tour de rôle, ce fut le sida, souvent le monde médical, parfois les certitudes économiques. Il y eut des reportages là où des guérillas s’enrichissent avec la drogue, où personne n’était allé. Des rubriques égratignant ceux qui exercent le pouvoir, fustigeant des attitudes liberticides ou inutilement moralisatrices. Le culot, en l’occurrence, c’est d’aller à contre-courant.

Le plus rassurant, pour un rédacteur en chef, consiste à voir reprocher à son journal alternativement d’être trop à droite et trop à gauche. Cela prouve un goût d’indépendance qui s’affranchit des appartenances politiques.

L’autre règle à suivre est d’écouter. Surtout ceux que personne n’entend. Tant il est vrai qu’il n’y a pas que ceux qui tonitruent qui ont quelque chose à dire.