La sûreté sous tension à l’Aéroport de Cointrin

SÉCURITÉ • Les agents de la société Custodio sont à bout. En sous-effectif et sous pression depuis début 2016, ils disent ne plus pouvoir assurer le contrôle des bagages correctement à l’Aéroport. Témoignages.

  • Les agents chargés du contrôle des bagages n’excluent pas de se mettre en grève. ERIC ALDAG

    Les agents chargés du contrôle des bagages n’excluent pas de se mettre en grève. ERIC ALDAG

Sommes-nous en sécurité en prenant un avion à Genève? A en croire plusieurs employés de Custodio, on pourrait en douter. «Nous sommes en sous-effectif et dans un état de fatigue extrême, la faute à des horaires inadaptés et à une pression trop forte de la part de notre direction. Résultat: le taux d’échec aux tests aléatoires organisés par l’Aéroport, et consistant, par exemple, à repérer un passager avec un couteau caché, n’est parfois même pas de 60%. Dans le contexte d’attentat ambiant, c’est intolérable!», assène un agent de sûreté à Cointrin pour le compte de cette filiale de Securitas. Laquelle est mandatée par l’Aéroport pour contrôler les bagages. En théorie, les 130 agents de sûreté de Custodio devraient travailler quatre jours puis se reposer deux jours. «Dans les faits, on travaille parfois cinq jours d’affilée et souvent en «service coupé». C’est-à-dire un peu le matin, un peu le soir avec entre-deux de longues heures passées à zoner dans l’aéroport, sans pouvoir se reposer car nous habitons trop loin pour rentrer», déplore un autre employé. Lui et ses collègues sont soumis à la convention collective du secteur de la sécurité. Les textes ne leur assurent que 15 mn pour 5h30 travaillées. Très insuffisant d’après eux. «Nos postes exigent une concentration constante et intense impossible à atteindre dans ces conditions!» Sans compter que ces agents, pour la plupart frontaliers, touchent moins de 4000 fr. net par mois. Soit 30 à 40% de moins que leurs 350 homologues employés par l’Aéroport.

Embauche programmée en 2017

Pour eux les taux d’absentéisme enregistrés par Custodio depuis le début 2016 découlent des conditions de travail. Leur société fait la lecture inverse. A savoir, que c’est le sous-effectif couplé à l’augmentation du nombre de voyageurs (+4% par rapport à 2015) qui entraîne ces problèmes qu’elle ne nie pas mais relativise grandement. «Pour améliorer les choses, nous allons embaucher en 2017 et optimiser les plannings en prenant en compte les commentaires recueillis notamment via un questionnaire auprès de nos employés», explique David Morciano, directeur régional de Custodio. Le syndicat Unia met la pression pour que les choses changent. D’autant qu’elles ne se sont pas améliorées depuis le début de l’année et une dénonciation auprès de l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail.

Genève Aéroport ne commente pas en détail la situation. «Les standards de sûreté exigés par l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) sont respectés par tous nos prestataires», se borne à préciser Bertrand Stämpfli, chef de la communication. «En dernier recours, si rien ne change, on n’exclut pas de se mettre en grève», préviennent nos témoins. S’ils allaient jusque-là, l’Aéroport serait en partie paralysé et des vols pourraient être annulés.