Le cinéma «Empire» contre-attaque

SEPTIÈME ART • La salle de la rue de Carouge va renaître sous son ancien nom, le «Cinérama Empire». Un cinoche, jadis, sulfureux...

  • La salle de la rue de Carouge rouvrira sous le nom de «Cinérama Empire». DR

    La salle de la rue de Carouge rouvrira sous le nom de «Cinérama Empire». DR

Alors que les salles obscures ferment les unes après les autres en ville, un cinoche de quartier va renaître de ses cendres. Les exploitants du Ciné 17 vont reprendre l’Art Ciné, qui avait mis ses bobines sous le paillasson en 2011. En septembre, le cinéma de la rue de Carouge rouvrira sous son nom d’origine, le Cinérama Empire. Et avec son fameux néon en forme de demi-soleil, une enseigne sulfureuse à l’époque. «Ce cinéma, inauguré en 1967, s’était spécialisé dans les films érotiques, avant d’élargir son offre, en proposant en matinée des productions destinées aux enfants», se souvient Didier Zuchuat, l’administrateur du Ciné 17, qui avait été séduit môme par l’architecture novatrice de cette salle, qui méritait d’être sauvée.

Valeur patrimoniale

«Ce vaste cinéma, pourvu d’une galerie, possède une valeur patrimoniale indéniable», souligne-t-il notamment. «On va lui redonner son lustre d’antan, en ôtant toutes les scories et les fausses cloisons qui avaient été rajoutées par les précédents exploitants. Il faudra aussi le rééquiper, remplacer les feutres des sièges et revoir l’aménagement de la salle, qui passera de 468 places à 350 par soucis de confort.»

A Genève, il ne reste que six cinémas indépendants: le Scala, le City, le Nord-Sud, le Bio, le Ciné-Lux et le Ciné 17. Le reste du marché est détenu par les multiplex. Cette résurrection est donc inespérée. Une sauvegarde que l’on doit à la mobilisation d’une dynamique association et au soutien de la Ville de Genève, qui s’est appuyée sur le Plan d’utilisation du sol pour faire aboutir le projet. Un plan qui stipule qu’un cinéma qui ferme devrait être remplacé par un commerce identique, pour favoriser l’animation au centre-ville.

«Notre idée a fini par séduire le propriétaire, qui projetait d’y aménager une salle de gym», conclut Didier Zuchuat ravi, qui proposera une programmation mixte, privée et publique, en collaborant notamment avec le Grütli. Le cinoche des Augustins va donc rallumer son projecteur. Pour la plus grande joie des cinéphiles, qui pourront se faire une toile dans cet ancien empire des sens…

Colibri, Pélican, Ciné Star…

L’emplacement de cette salle près de la place des Augustins relève de la tradition. Plusieurs cinémas s’y sont en effet succédé depuis 1923, date de la construction du Colibri, à la belle époque du muet. Ce dernier sera rebaptisé le Pélican en 1950, une enseigne spécialisée dans les films d’action de d’aventures. En 1967, la petite bâtisse sera remplacée par un locatif, qui abritera l’Empire jusqu’en 1996, puis le Ciné Star et Art-Ciné, qui fermera en 2011.