Les pavés de la discorde

Vieille-VILLE • Des élus dénoncent le gaspillagepour les achats des pavés. Les autorités démentent. 

  • Les réserves de pavés de la Ville de Genève. David Rosembaum-Katzman

    Les réserves de pavés de la Ville de Genève. David Rosembaum-Katzman

Genève claquerait-elle des sous pour acheter inutilement des pavés? C’est du moins ce que laissent entendre des élus MCG et UDC. «Deux demandes de crédit se sont succédées pour le pavage de la Vieille-Ville, rappelle François Baertschi. Or, il s’avère qu’on va acheter des pavés qui ont déjà été achetés!»  Le  député MCGfait allusion à des crédits votés en décembre 2013 et en mai 2014 pour le grand projet de réaménagement de la Vieille-Ville. Un projet qui prévoit d’installer des bornes escamotables afin de limiter le trafic dans le centre historique et de paver de nouvelles rues. Depuis, l’énigme des pavés ne fait qu’enfler.

Ailleurs?

Un autre élu MCG s’interroge de l’utilisation du stock de pavés en réserve de la Ville de Genève: «Notamment ceux de la place du Molard», détaille Jean-Philippe Haas, conseiller municipal MCG.  Nous avons déjà voté un premier crédit pour des pavés et on veut nous en imposer un second pour le pavage du haut de la Vieille-Ville. Raison pour laquelle, avec l’UDC nous avons contesté le dernier crédit que nous estimons trop onéreux.» 

L’élu rappelle en effet que sur un montant de près de 760’00 francs accepté par le Municipal en mai dernier, 380’000 francs sont prévus pour paver 1000 m2 sur les hauts de la Vieille-Ville. Un montant qui doit être avalisé cet automne par la Commission des finances.

A la recherche des pavés perdus

L’histoire des pavés de la Vieille-Ville a ainsi été au cœur de nombreuses interrogations. La Ville commanderait-elle trop de pavés? Gaspillerait-elle ses pavés? A-t-elle réellement des tonnes de pavés en réserve?  Autant de questions qui se sont répandues cet été à la Tour Baudet, siège des autorités genevoises. «Nous n’avons absolument pas acheté de pavés sans avoir de crédit», s’étonne Nicolas Betty, chef du service du Génie civil à la Ville de Genève. Il  admet cependant que la Ville a bel et bien un stock dans un entrepôt: «Nous avons des réserves qui servent au remplacement des pavés défectueux, détaille-t-il. Il est vrai que nous en recommandons dès que nous en avons besoin afin de disposer des quantités nécessaires pour les opérations d’entretien.» Il tient aussi à souligner que les pavés stockés ne suffiraient pas pour recouvrir la rue Etienne-Dumont et celle du Puits-Saint-Pierre.

Mauvaises tailles

De son côté, Alexandre Wisard, élu Vert à la Commission des finances du Municipal, doute également que des pavés auraient été achetés sans financement pour les mettre sur un autre site.«Les tailles ne sont pas les mêmes à la place Longemalle et en Vieille-Ville. J’ai de la peine à penser que la Ville de Genève ait utilisé un stock pour combler un autre.» 

Rues-Basses

Après une visite du site de stockage des matériaux de la Ville, GHI a pu constater que les seuls matériaux disponibles en grandes quantités concernent les dalles du chantier des Rues-Basses des années 80-90. Ce chantier, réalisé sous l’ère de la conseillère administrative Jacqueline Burnand, avait fait scandale, notamment à cause de son prix exorbitant. Il avait en effet coûté 33 millions au lieu des 19 millions devisés. A cette époque, les pavés s’endommageaient et la voirie devait boucher les trous avec du bitume pour éviter qu’un pavé ne gicle sur un piéton. Là, déjà, les pavés ne tenaient pas la route…