«Mes gosses sont interdits de cuisines scolaires!»

POLÉMIQUE • Des centaines d’élèves sont privés de parascolaire en Ville de Genève. Les parents ont été pénalisés parce qu’ils ont inscrit leurs enfants trop tard…

  • A la rentrée, de nombreux enfants se sont retrouvés sur le carreau. ISTOCK/LORRAINE BOOGICH

    A la rentrée, de nombreux enfants se sont retrouvés sur le carreau. ISTOCK/LORRAINE BOOGICH

«Que vais-je faire de Jérémy* et Nicolas*? Mes fils, âgés de 6 et 10 ans sont interdits de cuisines scolaires, du moins jusqu’au 26 octobre, parce que je ne les ai pas inscrits fin juin!» Isabelle* est dans tout ses états depuis lundi 24 août, date de la rentrée scolaire. Cette trentenaire, qui élève seule ses enfants après un divorce, a en effet appris abruptement que ses deux garçons ne peuvent pas aller aux cuisines scolaires, ni même aux activités parascolaires entre 16 et 18 heures.

Trop tard…

Les raisons? «On m’a fait savoir que j’aurais dû les inscrire fin mai. Or, à cette époque, je ne pensais pas devoir recourir aux cuisines scolaires car j’attendais une fille au pair. Malheureusement elle n’a pas pu venir. Et comme je viens de commencer un nouveau job, je ne peux pas me permettre de m’absenter à midi! Je ne vais quand même pas abandonner mes gamins sur le trottoir!»

Nombreux enfants pénalisés

Le cas de cette maman n’est pas unique en Ville de Genève. Dans le quartier des Charmilles, une cinquantaine de familles désemparées, frappait, en ce début de semaine, à toutes les portes du réseau social de la Ville de Genève pour demander de l’aide.

Responsabiliser les parents

De son côté, Esther Alder, maire de la Ville de Genève et présidente du Groupement intercommunal pour l’animation parascolaire (GIAP), justifie cette mesure introduite en 2014, afin de mieux responsabiliser les parents (lire sa réponse).

Pas content

Une réponse qui ne satisfait cependant pas Sue Putallaz, présidente du restaurant scolaire de Florissant-Malagnou. «Avant de vouloir faire la leçon aux parents, il s’agit déjà de moderniser le système d’inscriptions et ainsi permettre d’inscrire aisément les enfants par courrier, par e-mail ou internet. Cela simplifiera non seulement la vie des citoyens, mais aussi le travail de nos associations.» En effet, dans certaines écoles, de nombreux enseignants remettent le formulaire d’inscriptions directement aux petits enfants. Et ils ne les ramènent pas forcément à la maison…

Retardataires connus

Dans la foulée, Sue Putallaz rappelle que chaque année, en moyenne 15% de parents inscrivent leurs enfants le jour de la rentrée scolaire. «Nos cuisines le savent et anticipent! A Florissant-Malagnou, nous distribuons 850 repas par jour. Nous constatons aujourd’hui, qu’il manque, par rapport à 2014/2015, près de 120 parents (soit près de 150 enfants). Nous savons pertinemment qu’ils vont avoir besoin de confier leurs enfants et d’ailleurs nous avons pu les servir le jour de la rentrée, grâce à cette anticipation. Cette décision de délai de carence est technocratique et inutile. Elle va nous coûter en temps et en argent, et va pourrir la vie de nombreux parents…»

Poignée de gosses acceptés…

Ainsi, au restaurant scolaire de Florissant-Malagnou, la direction a décidé, lundi 24 août, d’accueillir quand même les enfants pénalisés en espérant que les responsables du GIAP sauront faire preuve de pragmatisme. «Comment laisser à la rue les tout-petits?» s’indigne Sue Putallaz. * Noms connus de la rédaction