«Les soins intensifs sont un service en souffrance. Il y manque en outre chroniquement du personnel. Dans ces conditions, y amener un patient atteint d’Ebola n’était pas raisonnable.» Ces propos rugueux de David Andenmatten, responsable syndical SSP aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), sont l’écho du ressentiment qui touche une partie du personnel qui a entouré Félix Báez, le médecin cubain atteint d’Ebola, soigné aux HUG.
Lits fermés
«Le surcroît de travail engendré par l’arrivée de ce patient a entraîné la fermeture de six lits des soins intensifs», témoigne un soignant. «Ce malade était officiellement le plus important de l’hôpital, au détriment des autres», grince-t-il encore.
Un énervement partagé par une membre du personnel médical qui relève que «si les procédures étaient détaillées, la formation – elle – a été menée tambour battant, en urgence, peu avant l’arrivée du malade». Pour elle, «le plus incroyable a été la prise en charge elle-même. Ce patient n’a eu à aucun moment besoin de soins intensifs. Les mesures de protection visaient à préserver le personnel, pas le malade!»
Opération marketing
Quant au lieu choisi, «on a claironné qu’il s’agirait d’un bâtiment isolé alors qu’il était dans une partie de notre service spécialement équipée et réservée», ajoute encore le soignant.
Des propos qui ont également été rapportés au syndicat, confirme David Andenmatten mais que nuancent les HUG (lire encadré ci-contre).
Pour le syndicaliste, l’opération Ebola est ainsi «plutôt une opération de marketing des HUG menée au détriment du personnel».