Radars: la riposte des automobilistes internautes

VITESSE • Des jeunes frontaliers ouvrent une page Facebook à Genève pour annoncer les radars mobiles et autres accidents dans la canton. Est-ce légal?

  • Cette page Facebook est née, il y a trois mois à Genève.

    Cette page Facebook est née, il y a trois mois à Genève.

Radar mobile à l’entrée de Bellevue depuis Genève 50. Merci à Stefan *David.

Radar à l’entrée de Châtelaine qui est en train de se faire charger... merci E.M *Stef

BOUCHON SUR L’AUTOROUTE DE MEYRIN et à la douane de Bardonnex. Merci à Valentine *CC

On me glisse à l’oreillette qu’il y a un contrôle radar sur le boulevard Carl-Vogt... Merci Bruno *Stef.

RADAR devant la Praille en venant du rond-point en direction du parking de l’Etoile. merci José *Stef.

Qui sont-ils?

Ces divers messages postés sur une page Facebook Alerte Radar Genève, interpellent depuis le 13 novembre dernier. A-t-on le droit de dénoncer les emplacements des radars via les réseaux sociaux?

Car cette riposte antiradars par des internautes en Suisse est en fait une première pour notre pays. Elle est en revanche très active en France depuis une année.

Le but d’Alerte Radar Genève? Comme vous l’aurez compris, dénoncer les radars cachés par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Il s’agit en réalité d’une initiative de sept jeunes frontaliers âgés entre 20 et 30 ans. Ils vivent à Flaine, Mesigny, La Roche-sur-Foron ou Thonon et viennent régulièrement à Genève. Ainsi, Tanguy, Maxime, Jérôme, Stéphane, Hugo, Cédric, David se muent durant leurs loisirs, en pirates clandestins de la route. «Nous avons d’abord ouvert une même page Facebook en Haute-Savoie», détaille Maxime, l’un des administrateurs. Puis en novembre à Genève et récemment dans le département de l’Ain (France voisine).

Comment ça marche?

Et d’enchaîner: «Alerte Radar, vise d’abord à informer de la présence des radars mobiles et des chargements des fixes. Il n’est pas question de donner les lieux des contrôles d’alcoolémie ni même des autres barrages policiers.»

Cette jeune et fraîche équipe ne se cantonne pas à relayer uniquement des informations diffusées via des messages privés, elles les filtre, les vérifie et les modère. «Nous avons par exemple banni certains internautes qui se lâchaient un peu trop. Notre page n’est pas faite pour se défouler contre la police et ses contrôles, mais bien de faire de la prévention. Tout simplement. Surtout à l’heure où les radars se multiplient sous différentes formes.»

Que dit la loi suisse?

Tout cela est-il parfaitement légal? «Oui, affirme sans hésitation Maxime. Du moins en France, la gendarmerie ne nous a pas dit le contraire.» Un des amis administrateurs prétend même qu’il est arrivé de voir des like de leur part.

Et que dit la législation suisse en la matière? «Ce n’est pas légal en Suisse, rappelle Silvain Guillaume-Gentil du service de presse de la police genevoise. L’article 98a de la Loi sur la circulation routière (LCR) est précis sur ce point et indique que celui qui adresse des avertissements publics aux usagers de la route concernant les contrôles officiels du trafic sera puni de l’amende.»

En Suisse, tout les dispositifs d’alerte des contrôles policiers sont interdits. Tout comme les antiradars et les GPS comportant la fonction d’avertisseur de contrôles routiers officiels.

Alerte Radar Genève tiendra-elle la route en Suisse?