Silures: la chasse est ouverte

PÊCHE AU GROS • Des pêcheurs tracent cet espèce qui prolifère entre Chancy et Verbois avec des émetteurs acoustiques. Les données étayeront la première étude comportementale du silure en eaux genevoises.

  • Pêché par un amateur, le spécimen a été remis à l’eau une fois photographié. DR

    Pêché par un amateur, le spécimen a été remis à l’eau une fois photographié. DR

Les silures, les nouveaux monstres qui envahissent le Rhône et le Léman, sont-ils trop prédateurs? Mangent-ils les truites, ombles chevalier, écrevisses, tanches, féras, brochets, vengerons? Pourquoi ces énormes «poissons-chats» sont-ils arrivés chez nous? Bouleversent-ils l’écosystème genevois? Doit-on les éradiquer? Sont-ils vendables, mangeables?

Caméras sous-marines

Toutes ces questions seront auscultées, à partir de début juillet, par la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA) pour sa première étude comportementale du silure dans la région genevoise. Et comment va se réaliser cette étude? «Nous demandons aux pêcheurs amateurs et professionnels de nous ramener leur capture dont ils ne savent que faire, détaille Frank Cattaneo, professeur en écologie aquatique pour l’HEPIA. L’analyse de leurs contenus stomacaux nous permettront de déterminer leur régime alimentaire, et donc les proies dont ils se nourrissent.» Enfin, pour affiner l’étude et comprendre leur déplacement dans le Rhône genevois et le Léman, les silures seront pistés et chassés par les pêcheurs professionnels.

Capture professionnelle

«Concrètement, il s’agira de capturer les silures du Rhône et du Léman et de les marquer avec un émetteur acoustique», explique Christophe Ebener, président de la Fédération des sociétés de pêche genevoise (FSPG). Et d’affiner. «Des caméras ont aussi été installées dans toutes les passes à poissons des barrages sur le Rhône.» Il poursuit: «Cette étude parallèle, menée par l’entreprise d’observation scientifique Corealis, société active dans les domaines de la planification énergétique et environnementale, travaillant pour les Services industriels genevois (SIG), permet de recenser les silures en recrudescence dans la région genevoise.» Pour sa part, Damien Sidler, directeur de cette entreprise précise «que cette base de données, en fonction depuis deux ans, a déjà identifié l’invasion des silures à Chancy et Verbois.»

Double traque

Pour mémoire, la recrudescence ces dernières années des espèces piscicoles d’origine non lémanique, dont le silure fait partie, a conduit, en début d’année, la Direction générale de l’eau, via le Service de la pêche, à modifier la réglementation sur la pêche en rivière. Il est désormais interdit de remettre à l’eau ces «monstres» capturés par les amateurs. Petit hic cependant, ces pièces pesant parfois jusqu’à 20 kg et mesurant plus d’un mètre, posent un sérieux problème de conditionnement. «Il nous est impossible de débiter de telles pièces et nous n’arrivons pas les vendre, admet un pêcheur du dimanche. Alors on les remet en douce dans l’eau!»

«Il n’y a pas que de gros»

De son côté, le service de la pêche tempère: «Il n’y a pas que de gros silures! s’exclame Dimitri Jaquet, chef du secteur pêche à la Direction générale de l’eau. Quant aux prises imposantes, il suffit de les transporter dans des bacs et de les manger ensuite. Car contrairement à sa mauvaise réputation de poisson vaseux, de plus en plus de cuisiniers l’apprêtent de façon originale!»

Etude Hepia soutenue par le Service cantonal de la pêche et l’Institut national de recherche agronomique à Thonon (FR).