Tram: un moyen de transport dépassé

SÉRIE NOIRE • Lents, coûteux et dangereux, les trams sont critiqués par le fondateur de l’Observatoire universitaire de la mobilité. Avec une hausse de 5% du nombre d’accidents graves par rapport à l’année dernière, leur présence à Genève est remise en question.

  • Le tram a-t-il déjà fait son temps? DR

    Le tram a-t-il déjà fait son temps? DR

Le 28 avril dernier, un adolescent perd la vie à la rue de Lausanne, happé par un tram. Cet accident, qui a marqué les esprits, n’est de loin pas isolé. Depuis quelques mois, les événements dramatiques se multiplient. Une situation qui n’inquiète pas particulièrement Isabel Pereira, l’attachée de presse des Transports publics genevois (TPG): «Sur les voies, un accident est toujours un accident de trop, mais si on observe les statistiques, la situation est relativement stable. Les gens doivent surtout apprendre à regarder quand ils traversent et les vélos n’ont pas le droit de rouler sur les voies de tram. Pourtant, ils le font tout le temps!»

Sonnette d’alarme

Il n’y aurait donc pas plus d’accidents cette année. Vraiment? En 2014, il y a eu 24 accidents de tram avec intervention d’une ambulance. Au 15 octobre de cette année, on pouvait déjà en dénombrer 20. Soit une hausse de 5% en projection annuelle. Une augmentation certes modérée, mais tout de même inquiétante. En 2013, la sonnette d’alarme avait déjà été tirée suite à la publication de chiffres fournis par l’Office fédéral des transports. A l’époque, il y avait un accident tous les 629’000 kilomètres à Genève alors qu’à Berne, ils sont bien moins fréquents avec un accrochage tous les 946’000 kilomètres.

Légitimité contestée

Le problème avec les accidents de tram, c’est qu’ils laissent peu de chance aux victimes. Ces dernières sont souvent gravement blessées ou, pire encore, y laissent leur vie. Selon Giuseppe Pini, fondateur de l’Observatoire universitaire de la mobilité à Genève, il est temps de se poser la question de la légitimité de ce moyen de transport en milieu urbain: «Il y a de nouveaux bus qui arrivent dans les grandes villes. Ils rendent le tram totalement désuet. En effet, le seul avantage de ce dernier est de pouvoir transporter beaucoup de gens. Avec l’arrivée de ces grands bus, cet atout disparaît. Les trams coûtent cher, ils ne peuvent dévier de leur trajectoire en cas d’urgence et causent beaucoup de dégâts en cas d’accident. Sans oublier qu’ils ne dépassent que rarement les 17 km/h.»

Refus de financement

Ces nouveaux bus vont-ils définitivement rendre le tram obsolète? «On ne peut refaire l’Histoire, mais je me demande pourquoi on a fait le choix de mettre des trams en milieu urbain. Du reste, je ne suis pas le seul à le penser puisque la Confédération a récemment refusé de financer l’extension des lignes de tram sur le territoire français vers Annemasse et Saint-Genis. C’est la preuve que ce mode de transport ne convainc plus totalement.»

Un signal de plus qui montre que le tram a peut-être fait son temps? Dans tous les cas, la question mérite d’être posée selon les spécialistes de la mobilité urbaine.