Bouchers genevois: en route vers l’abattoir?

  • Les bouchers de quartier accusent une baisse de leurs recettes de 20% en 2017.
  • Contrebande, franc fort, lobby vegan, sont les principales causes de ce désastre annoncé.
  • En 25 ans, le nombre de boucheries a déjà diminué de 75% dans le canton de Genève.

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  • Eric Muller, boucher aux Grottes. PASCAL BITZ

    Eric Muller, boucher aux Grottes. PASCAL BITZ

«En 2017, c’est tout simplement l’horreur»

Eric Muller, propriétaire de la Boucherie Muller

Les nuages s’accumulent sur les bouchers de quartier genevois. Il y a d’abord une tendance nationale à la baisse. En 2016, selon les derniers chiffres de l’Office fédéral de l’agriculture, les ventes en termes de quantité ont baissé de 2,4% dans les commerces de détail.

Fermetures en cascade

A Genève, la situation est bien plus dramatique depuis le début de l’année. Les chiffres d’affaires plongent: «Durant les trois premiers mois, nous constatons une baisse de 15% à la centrale d’achat cantonale, déplore Bernard Menuz, président de la société patronale des bouchers-charcutiers. Cela fait 40 ans que je suis dans la profession et je n’ai jamais vu cela auparavant! L’heure est grave car une boucherie ferme chaque semaine en Suisse. En 1990, il y en avait 120 dans le canton, il n’en reste plus que 30.»

Causes connues

Quand il s’agit d’évoquer les causes de ce marasme, Bernard Menuz n’hésite pas un instant: «Les douanes sont des passoires géantes! La contrebande de viande explose depuis plusieurs années, il faut donc renforcer les contrôles et surtout les sanctions. Quant aux vegans, ils ne nous aident pas avec leur mauvaise publicité. Ils oublient qu’à Genève, les animaux sont bien traités!»

Un vrai calvaire

Eric Muller, propriétaire de la boucherie éponyme à la place des Grottes fait le même constat: «J’ai 53 ans et je ne suis pas sûr de pouvoir tenir jusqu’à ma retraite. Cette année, c’est tout simplement l’horreur! Les clients fidèles sont vieillissants, les autres passent la frontière et les gens mangent moins de viande. Sans oublier les normes d’hygiène de plus en plus strictes et la bureaucratie grandissante, quel calvaire!»

Comment rebondir?

Même s’il confirme une baisse de son chiffre d’affaires de 20% depuis quelques mois, Benno Witschard ne se décourage pas pour autant. Il continue d’écumer les marchés genevois avec sa boucherie itinérante: «Cela me sauve car mes charges sont moins élevées. Et j’ai aussi une clientèle fidèle qui recherche des produits de qualité à des prix souvent inférieurs aux grandes surfaces. Cette année est compliquée mais je reste confiant car les jeunes semblent attacher une plus grande importance à la consommation de viande locale.»

Sortir de l’ordinaire

Pour Bernard Menuz, le salut passe par la différenciation: «Il faut trouver des niches, faire du traiteur et surtout proposer une fabrication des produits qui sort de l’ordinaire. Quand il y a de la valeur ajoutée, les clients sont là.»