Cigarette électronique: halte aux arnaques!

- La mode du vapotage attire de plus en plus de personnes séduites par un nouveau busines lucratif.
- Produits contrefaits et services après-vente inexistants se multiplient aussi.
- Les professionnels du secteur mettent en garde les consommateurs contre les mauvaises expériences.

  • Il existe de nombreuses contrefaçons sur le net. DR

    Il existe de nombreuses contrefaçons sur le net. DR

«Nous avons de nombreux clients qui sont venus se plaindre»

Damien Graziotin, gérant d’une boutique de e-cigarette

Dans le business de la cigarette électronique, comme dans tout secteur économique, il y a ceux qui sont consciencieux et les autres. Et les mauvaises expériences sont de plus en plus nombreuses. «J’ai commandé des cigarettes électroniques sur un site avec un nom de domaine helvétique, mais qui envoie ses commandes depuis la France car il y avait des produits avec nicotine et c’est encore interdit en Suisse. Rien ne s’est passé comme prévu!» Jean-Pierre*, trentenaire lausannois désireux de mettre fin à sa dépendance au tabac, pensait bien faire en commandant son matériel sur l’un des portails les plus connus dans le domaine du vapotage.

«La nicotine dans ma bouche»

Le premier souci se fait jour quand le facteur lui amène son colis. «Il m’a demandé 40 francs supplémentaires liés aux frais de port, ce n’était pas prévu. Mais la suite est encore pire puisque quand j’ai testé ma cigarette électronique, elle coulait, j’avais du liquide avec nicotine dans la bouche. En dehors de la sensation désagréable, cela m’a énervé car je m’étais enfin donné les moyens d’arrêter la clope et cela me retardait dans cette démarche louable.» C’est à ce moment-là que Jean-Pierre décide de contacter le service après-vente du site pour tenter de comprendre le problème de sa cigarette électronique. Mais aucun numéro de téléphone n’est disponible en ligne et, du coup, il doit se contenter d’envoyer un mail qui est resté sans réponse depuis trois semaines après.

Fin de l’hypocrisie?

Le trentenaire n’est pas le seul à avoir perdu quelques centaines de francs avec des produits défectueux. Bien au contraire. «Nous avons de nombreux clients qui sont venus se plaindre des sites internet sur lesquels ils avaient commandé leur e-cigarette, précise Damien Graziotin, responsable de la boutique genevoise Sweetch. Les mauvaises affaires existent. On a eu des cas de contrefaçons vendues sur le net, on appelle ces produits des clones. Ils ressemblent aux batteries et autres clearomiseur de base, mais ce sont des copies qui perdent du liquide notamment. C’est dommage, mais les gens se font avoir.»

Genève, Nyon et Lausanne

Si l’on souhaite absolument se procurer des liquides avec nicotine, la meilleure solution est donc de se rendre dans une boutique à Lausanne, Genève ou Nyon pour acquérir sa e-cigarette, puis de commander uniquement les produits avec nicotine par internet ou d’aller les acheter en France voisine. Si le feu vert pour la nicotine liquide a été donné ce printemps, l’autorisation définitive tarde à se concrétiser dans les faits. De quoi pousser de nombreux citoyens romands à se tourner vers des sites parfois peu recommandables. Une hypocrisie qui devrait se terminer dans quelques semaines... pour le bien de tous.

* nom connu de la rédaction

Quels risques pour la santé?

L’autre procès qu’on fait parfois à la cigarette électronique, en dehors de sa distribution parfois opaque, concerne sa prétendue nocivité. Un reproche que Jean-François Etter, professeur associé à l’Université de Genève et responsable du site Stop-tabac.ch, balaie d’un revers de la main: «On ne peut recommander la cigarette électronique à ceux qui ne fument pas, mais pour les fumeurs invétérés, c’est une évidence que la cigarette électronique est moins nocive». Un constat partagé par Bertrand Dautzenberg, pneumologue français qui a récemment affirmé dans une tribune libre: «Fumer, c’est un peu comme prendre l’autoroute à contresens. Vapoter, c’est rouler à 140 km/h au lieu de 130 km/h. La fin du tabac va exister dans les décennies à venir dans le monde.» En attendant cette fin annoncée par certains spécialistes, la dangerosité doit encore être évaluée ces prochaines années. «C’est vrai que le recul n’est pas suffisant, précise Jean-François Etter. Cela dépend de l’analyse de la vapeur et aussi du type de liquides choisi. Il faut savoir que le principal problème des cigarettes concerne la combustion, ce qui n’existe pas avec la e-cigarette. Et puis ce succès est aussi dû au fait que les substituts de nicotine comme les patchs ou les chewing-gums ne se sont pas vraiment démocratisés. Le succès de la cigarette électronique va se confirmer et je ne peux que m’en réjouir.»