Genevois fous de la Patrouille des glaciers

- La mythique épreuve de ski-alpinisme est de plus en plus prisée par les habitants du canton. 
- Des athlètes urbains qui n’hésitent pas à investir beaucoup de temps et d’argent. 
- Reportage avec des citadins romands prêts à tout pour atteindre les sommets.

  •  Florence et ses coéquipières du Footing club Lausanne, s’entraînent depuis l’automne 2015. DR

    Florence et ses coéquipières du Footing club Lausanne, s’entraînent depuis l’automne 2015. DR

  • La mythique épreuve de ski-alpinisme est de plus en plus prisée par les citadins. Des athlètes-urbains qui n’hésitent pas à investir du temps et de l’argent pour atteindre les sommets.

    La mythique épreuve de ski-alpinisme est de plus en plus prisée par les citadins. Des athlètes-urbains qui n’hésitent pas à investir du temps et de l’argent pour atteindre les sommets.

  • Pour se préparer, les patrouilles romandes – dont celle de Jean-Pierre Keller (à g.) – ont participé à d’autres courses, dont le fameux Trophée du Muveran. STUDIOS PATRICK – VILLARS-SUR-OLLON

    Pour se préparer, les patrouilles romandes – dont celle de Jean-Pierre Keller (à g.) – ont participé à d’autres courses, dont le fameux Trophée du Muveran. STUDIOS PATRICK – VILLARS-SUR-OLLON

La Patrouille des glaciers (PDG), dont la 31e édition s’élancera le 19 avril de Zermatt, est de plus en plus citadine. Ainsi, la section genevoise du Club alpin suisse (CAS) y sera par exemple représentée par pas moins de dix-huit de ses membres! Le colonel Max Comtesse, commandant de la mythique épreuve de ski-alpinisme constate le phénomène sans pouvoir le chiffrer. «Cette année, sur 1700 équipes de trois, une proportion non négligeable vient de plaine, explique le militaire. Cela montre que notre sport y est de plus en plus populaire, au risque d’y perdre, parfois, un peu de l’esprit montagnard.»

Entraînements nocturnes

Le Genevois Jean-Pierre Keller n’a aucune raison de se sentir concerné par cette dernière remarque. Ce conseiller en investissements financiers de 48 ans est en effet chef de course au CAS Genève et a déjà quatre participations à son actif ! «La PDG est au ski-alpinisme ce que le marathon de New-York est au running. Un incontournable, assène-t-il. Surtout pour des amoureux de la montagne comme nous!» Comme les pros, le quadra n’hésite pas à investir dans du matériel léger et performant pour se faire plaisir et aller vite. Des skis de moins d’1 kg en passant par le détecteur de victime d’avalanche (DVA), le baudrier ou encore le casque équipé d’une puissante frontale, il n’est pas rare que les participants investissent plus de 4000 fr. dans la bataille. Mais beaucoup de temps aussi au prix parfois de quelques négociations familiales serrées. Nombres d’entraînements ont, en effet, lieu en nocturne ou les week-ends. «Il faut s’acclimater aux hautes altitudes et accumuler du dénivelé malgré le fait que Genève est loin des hauts sommets», précise ce père de famille. Son objectif? «Finir et bien finir les 53 km du parcours, à trois à Verbier dans la joie, le soulagement et la nostalgie...»

Gros sacrifices consentis

Florence Juilland a la même envie mais rêverait d’y parvenir en 2h de moins. La Lausannoise de 36 ans est un poids plume de 47 kg pour 1,60 m mais qui a déjà six PDG derrière elle. «Toute gamine, je rêvais de participer en regardant la télé. La PDG, c’est mythique à cause de la difficulté, du cadre et de l’ambiance. L’aboutissement d’une saison de ski-alpinisme!» résume cette prof de sport. Elle et ses coéquipières du Footing club Lausanne s’entraînent depuis l’automne. Tous leurs week-ends y passent. «Les années de patrouille, c’est clair qu’on limite les excès et écourte les sorties entre amis», s’amuse Florence. Le jour J, le trio aura accumulé 40’000 m. de dénivelé positif. Soit cinq fois moins que les pros mais tout de même l’équivalent de 8,5 montées de la mer au sommet du Mont-Blanc!

«Traverser pareil effort ensemble, ça soude et tisse des amitiés allant bien au-delà du sport», relève Florence. Et puis, il y a cette ambiance unique: la bénédiction le jour du départ à l’église de Zermatt, l’arrivée à Tête blanche (3710 m.) point culminant de l’épreuve de nuit ou encore la montée à skis sur le sac du vertigineux couloir de la Rosablanche aux sons des cors des Alpes, des cloches et des encouragements… «Bref des instants magiques à mille lieux du stress citadin…»