«J’ai pas un rond et j’en profite quand même!»

- Les radins ne sont pas que des opportunistes, mais des consommateurs responsables.
- Les fregans, qui luttent contre la surconsommation, déboulent à Genève.
- Tour d’horizon des combines pour se faire plaisir sans se ruiner.

  • Etre radin, c’est surtout faire des économies. ISTOCK

    Etre radin, c’est surtout faire des économies. ISTOCK

«Je vais faire mes emplettes une heure avant la fermeture des magasins parce qu’ils soldent leurs denrées»

Jocelyn, 50 ans

«Etre radin, c’est plutôt un état d’esprit, avoue Paul, jeune informaticien genevois. L’été, je reste à Genève. Et pendant les fêtes de fin d’année, aussi. Histoire de profiter à fonds des manifestations gratuites proposées.» Le ton est lancé. Les mots aussi: radin et profiter. Des termes péjoratifs? «Pas du tout, clame Séverine. Genève est une des villes les plus chères au monde. Il est dès lors normal de jouir d’opportunités non payantes ou à tarifs réduits.» Bon. Comment vivent ces radins qui affirment n’avoir rien à voir avec de l’avarice? Réponses.

Consomm’acteur

Julien, un trentenaire, en a fait son mode de vie (lire ci-dessous). Longtemps un afficionado au niveau de la technologie, il s’est ravisé. «Le dernier natel ou ordinateur me faisait envie, dit-il. Jusqu’au jour où ce matériel dernier cri ne fonctionne plus et le vendeur vous fait comprendre que la réparation sera plus chère qu’un nouvel appareil.» Résultat: il va chez Realise, l’association de réinsertion des personnes ayant des difficultés sociales et psychologiques: «J’ai acheté un PC complet d’occasion pour 150 francs et ça fonctionne très bien. En plus, je donne un coup de pouce à l’association.»

Emplettes dernière minute

Pour Jocelyn, quinquagénaire pimpante, elle fait des économies tous les jours: «Je vais faire mes emplettes une heure avant la fermeture des magasins qui soldent leurs denrées pour les liquider. Et si j’ai besoin d’un petit mobilier, je chine dans les brocantes de villages ou je m’amuse à bricoler des meubles jetés.» Nos deux interlocuteurs se disent «dégoûtés» de cette société de consommateurs. «On est des consomm’acteurs, des gens responsables, plutôt que des opportunistes.»

Avec des enfants

Et lorsqu’on a une famille, comment fait-on pour dépenser moins et faire plaisir aux enfants? «Les pataugeoires des parcs, le Signal-de-Bougy, les jeux extérieurs des préaux ou des parcs sont autant de possibilités à mixer selon les envies. Et puis, je consulte beaucoup le site internet loisirs.ch qui propose des activités gratuites à l’année», explique Sarah, maman de deux bambins plutôt bougillons.

As des concours

Quant à Jérôme*, il s’adonne à un jeu particulier: «Je fais tous les concours possibles et imaginables. Je gagne des prix quelquefois intéressants, comme ce voyage pour deux personnes aux Canaris. Comme j’ai deux enfants (7 et 10 ans), j’ai rajouté un petit supplément pour partir à trois.»

www.cinetransat.ch; www.ville-ge.ch/culture/musiques/agenda_concerts.html; www.realise.ch; www.loisirs.ch

*noms d’emprunt

Fregan: les militants anti-gaspi

SJ • Le fregan ou «gratuivoriste» pourrait être considéré comme un radin d’un nouveau genre. Il est issu d’une mouvance née au milieu des années 1980 aux Etats-Unis qui incite à travailler, gagner et dépenser moins pour vivre plus heureux. Plusieurs d’entre eux se fournissent, notamment, en denrées alimentaires ou autres directement dans les conteneurs des grandes chaînes commerciales. «Cela n’implique pas forcément de bouffer que des restes», assure le mouvement français sur son site internet. Rasbalenne est un des rares fregans genevois qui témoigne: «J’en fais parte depuis plus de trois ans, témoigne-t-il sur un forum. Il y a un vrai effort d’empêcher, malgré de beaux discours de directions de supermarchés, les gens de puiser dans les conteneurs. Il faudrait légiférer pour obliger tout magasin qui jette de la nourriture de la mettre à disposition de qui veut. Des tonnes de tomates, concombres et autres légumes sont jetées, alors qu’il est possible de les récupérer. C’est un scandale!» Le fregan veut consommer de manière plus avisée et responsable. Comme Julien: «Systématiquement, je recycle tout et refuse de rentrer dans une société où il faut acheter pour exister.» L’échange fait aussi partie de ses convictions: «J’ai besoin d’un plombier, un copain du métier me dépanne. Au lieu de le payer, je lui ai fait des petits plats pour trois jours. Tout le monde est gagnant!»

Infos: http://freegan.fr