La Caisse publique en quatre questions

- Le 28 septembre prochain, le peuple votera sur le principe d’une caisse unique.
- Un vote qui divise Romands et Alémaniques.
- GHI rappelle, en quatre points, les enjeux chauds du scrutin

  • L’acceptation de la caisse unique sera-t-elle profitable à la tirelire des Romands? ISTOCK

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«Le libre choix du professionnel de la santé est garanti dans la LAMal»

Mauro Poggia, conseiller d’Etat

L’instauration d’une caisse publique ferait-elle vraiment baisser le coût des primes des assurés? Aurait-elle un impact sur l’augmentation incessante des coûts de la santé?

Les opposants sont formels, un OUI ne garantirait pas une baisse des coûts de la santé. Quant à la réduction des primes, il s’agirait d’une baisse négligeable. Mauro Poggia, conseiller d’Etat en charge du Département de la santé à Genève concède: «Dire que les coûts de la santé n’augmenteront pas grâce à la caisse publique serait trompeur et la caisse publique n’a pas pour vocation première de faire baisser les primes». Toutefois, le fait de ne constituer qu’une seule caisse par canton permet de «légitimement considérer que les frais administratifs englobés dans nos primes diminueront».

Selon Pierre-Yves Maillard, conseiller d’Etat ministre de la Santé dans le canton de Vaud, l’instauration d’une caisse publique aurait l’avantage de réguler le montant des primes pour qu’il soit représentatif des coûts. Ainsi, «si les coûts de la santé venaient à augmenter de 2%, les primes n’augmenteraient que de 2% et non de 14% (65 francs par mois) pour certains assurés comme ce sera le cas l’an prochain, selon les propositions de primes des assureurs». (lire ci-contre)

La caisse publique laisserait-elle toujours le libre choix du médecin/spécialiste aux patients? Comment en être sûr?

Pour les opposants en cas de OUI, le nouveau système supprimerait le libre choix du médecin et imposerait au peuple le système du Managed Care refusé en votation en 2012. Pour Michel Matter, président de l’Association des médecins de Genève et ancien président du comité référendaire à la loi sur le Managed Care, «seule la caisse publique garantira dans la durée le libre choix du médecin dans l’assurance de base, tandis que les caisses n’ont de cesse de vouloir le supprimer pour le réserver aux assurances complémentaires. Autrement dit, seuls ceux qui auront les moyens pourront choisir leur médecin. La qualité médicale doit être à la portée de toutes les bourses, dès l’assurance de base.» De plus, comme le souligne Mauro Poggia, «le libre choix du professionnel de la santé est garanti dans la LAMal». Sans compter qu’avec l’instauration d’une caisse publique, «le fait d’écarter un médecin de la liste des fournisseurs remboursés par l’assurance maladie obligatoire, alors même qu’il serait habilité à pratiquer en Suisse, serait une atteinte inadmissible à sa liberté économique».

Les patients se verront-ils rembourser leurs médicaments plus rapidement qu’avec le système actuel?

Les opposants soulignent qu’un système unique aurait des répercussions sur l’échéance des remboursements de médicaments que certains assurés aujourd’hui payent comptant à la pharmacie puis se font rembourser. Mauro Poggia est catégorique: «Il n’y a aucune raison de penser que les antennes cantonales de la caisse publique seraient plus lentes à rembourser les médicaments que les services de nos assureurs actuels, souvent installés hors du canton. D’ailleurs, la SUVA, active dans le domaine de l’assurance accidents obligatoire, n’est certainement pas plus lente que les assureurs privés actifs dans ce secteur.

La mise sur pied d’une caisse publique impliquera-t-elle une meilleure transparence de ses activités financières?

Ici, tous sont d’accord, le point fort de la caisse publique serait de créer une transparence aujourd’hui inexistante dans la gestion des comptes de l’assurance maladie. Comme le souligne Michel Matter, «les flux financiers dans les comptes des caisses sont opaques et il n’y a pas de réelle surveillance. Le scandale des primes payées en trop et de leur rétrocession très partielle en est un exemple. Les assurés romands ont été pris pour des dindons!» Pour Pierre-Yves Maillard, «la transparence est la condition pour que les primes des assurés d’un canton soient employées pour financer les coûts de la santé du canton en question».