«Le Coran n’admet aucune violence, ni meurtre ou assassinat sur un être humain, quelle que soit sa croyance»
Adda Chentouf
Al’heure où les attentats de Paris sont encore dans toutes les mémoires et le risque de voir de plus en plus de personnes faire un amalgame entre islam et terrorisme, la démarche d’Adda Chentouf prend tout son sens.
Ce résident suisse d’origine algérienne, père de cinq enfants, établi en Suisse romande depuis 20 ans, à peine à la retraite, a une idée fixe en tête: rappeler les véritables enseignements du Coran aux musulmans et au grand public. «Il faut redire à tout le monde que le Coran n’admet aucune violence, ni meurtre ou assassinats sur un être humain, quelle que soit sa croyance», explique Adda avec passion.
Une volonté d’ouverture
C’est d’ailleurs en ouvrant son salon accompagné de toute sa famille qu’il souhaite faire mieux connaître sa culture à un maximum de personnes, influentes ou non.
Récemment, Mgr Charles Morerod lui a rendu visite. Curieux de sa démarche, l’évêque de Genève, Lausanne et Fribourg, n’a pas souhaité médiatiser davantage cette rencontre, mais a tenu à témoigner toute sa sympathie envers les actions d’Adda Chentouf: «L’extrémisme musulman semble se nourrir de l’intolérance occidentale. Les chrétiens peuvent donc s’intéresser davantage à la culture musulmane dans un but de cohabitation pacifique». Dans cette même démarche, Gottfried Locher, le président des Eglises protestantes viendra aussi rencontrer Adda Chentouf ces prochaines semaines.
Devoirs des musulmans
En publiant «Devoirs des musulmans dans leurs pays européens» chez Edilivre, il a donc touché juste. Imprimé à de nombreux exemplaires, ce fascicule a pour ambition d’utiliser des versets du Coran afin de prôner un bon comportement de ses coreligionnaires dans notre pays.
Alors que certaines voix affirment que les musulmans devraient s’intégrer en renonçant à la pratique de leur religion, Adda, lui, prouve qu’une intégration pacifiée passe par un respect scrupuleux des enseignements du Coran. Mieux même: il démontre en quoi Daech et ses djihadistes ne sont pas musulmans. Dans son livre, il n’est pas question de grands enseignements théoriques, mais de traiter de la vie quotidienne dans ses moindres détails. Même le comportement de celui qui contracte un leasing y est exploré!
Refus des écoles
Afin de diffuser le plus efficacement possible sa vision de la cohabitation, Adda voulait distribuer son fascicule dans les écoles vaudoises. Une sollicitation qu’a décliné le Département de l’éducation arguant qu’il n’était pas productif de séparer les élèves en fonction de leur confession. Un refus qui ne suffit toutefois pas à le décourager: «Avec tout ce qui se passe dans le monde, il est nécessaire d’expliquer le Coran aux écoliers, quelle que soit leur confession. Il est important de connaître avant de juger.»
Sur ce dernier point, la police municipale lausannoise semble totalement en accord. Sa Division proximité et multiculturalité a prévu de le recevoir. Régulièrement au contact avec toutes sortes d’associations et de courants religieux, les policiers sont avides d’outils de dialogue interconfessionnel.
Quant à Adda, il ne compte pas s’arrêter là et veut désormais rencontrer des détenus musulmans, voire des jeunes en phase de radicalisation. Une démarche on ne peut plus en adéquation avec l’actualité!