Millions détournés de Genève à Tel-Aviv

  • Les faux ordres de virements, les usurpations d’identité de cadres d’entreprises, sont un véritable fléau pour les sociétés. PHOTOMONTAGE

    Les faux ordres de virements, les usurpations d’identité de cadres d’entreprises, sont un véritable fléau pour les sociétés. PHOTOMONTAGE

ESCROQUERIE MONDIALE • Cette arnaque aux faux ordres de paiement, par de faux présidents, a débuté il y a six ans en France et a causé un préjudice global de 400 millions d’euros (420 millions de francs) à des centaines d’entreprises. Même le Palais de l’Elysée a été piégé… Et comment? La présidence de la République française a été sollicitée par un faux employé de la compagnie d’aviation Air-France pour un remboursement d’arriérés de voyages d’un montant de 2 millions d’euros (2,20 millions de francs).

Et ailleurs dans le monde? Face à la tentacule de cette criminalité moderne, un groupe d’enquêteurs a été spécialement constitué à Tel-Aviv. Le but: geler des comptes qui étaient sur le point d’être vidés dans des sociétés en Chine et en Israël. A noter que les escrocs obtiennent des informations sur le fonctionnement de l’entreprise en relevant les noms des cadres dans le registre du commerce. Ensuite, ils se font passer pour un haut responsable de ladite société, contactent le service comptable par mail en imitant l’adresse du haut responsable. Pour crédibiliser la manœuvre, ils font intervenir par téléphone, un avocat ou un notaire, qui représente le soi-disant le patron. Bien entendu, l’homme de loi n’est en réalité qu’un usurpateur qui demande au comptable de verser de l’argent sur un compte à l’étranger.

L’arnaque s’est répandue en Suisse romande dès 2014. Six entreprises fribourgeoises ont été piégées et un million a été dérobé à l’une d’elle. Une seconde entreprise a réussi quant à elle, a récupéré son dû alors que l’ordre de virement avait été effectué en Chine. En juillet dernier, cette même escroquerie a pu être déjouée en Valais. La société a également failli perdre un million. L’enquête a permis de remonter la filière: les escrocs opéraient avec des ordinateurs en Israël, sur des sites internet au Danemark et des comptes bancaires à Hong Kong. Ainsi, face à l’ampleur de cette arnaque où de nombreuses entreprises suisses ont perdu des millions de francs en 2015 – 8 millions à Genève –, les brigades financières de plusieurs cantons romands, du Tessin, ainsi que la police fédérale, travaillent en étroite collaboration. ChZ