«Mon appart’ a brûlé: je suis toujours à la rue!»

- Des victimes des quatre gros sinistres survenusà Onex, Champel, Carouge et Vernier, galèrent.
- L’Hospice général reloge provisoirement les assistés et les requérants à l’hôtel ou dans des abris PC.
- Témoignage poignant d’un résident des Contamines,trimbalé de gauche à droite depuis bientôt 2 mois.

  • L’incendie des Contamines: tous les locataires n’ont pas pu regagner leur domicile. SERVICE D’INCENIDE ET DE SECOURS

    L’incendie des Contamines: tous les locataires n’ont pas pu regagner leur domicile. SERVICE D’INCENIDE ET DE SECOURS

«Après l’incendie, on nous a dit qu’on pourrait réintégrer nos logements dans les heures qui suivent. C’était il y a sept semaines. Depuis, on attend toujours», témoigne Paul* (prénom fictif), locataire de l’immeuble de la rue des Contamines dans le quartier de Champel, ravagé par un terrible incendie, le 3 octobre dernier. 

«Certaines personnes ont trouvé refuge chez des proches, d’autres logent dans des hôtels des Eaux-Vives et dans un EMS de la Terrassière», confie ce Genevois, qui «squatte» chez un copain depuis près de deux mois. A ce jour, seuls les résidents du rez-de-chaussée ont pu regagner leur domicile. Mais pour les autres, la galère est toujours de mise.

Dégâts importants

Pour mémoire, le sinistre de la rue des Contamines s’était déclaré vers 2 heures du matin dans un studio du 1er étage. Avant de se propager rapidement à l’ensemble de l’immeuble par la cage d’escalier, faisant deux victimes et plusieurs blessés graves. «Les appartements des autres étages n’ont pas été touchés directement par les flammes, mais il y a néanmoins d’importants dégâts», souligne-t-il, dépité. «Le feu a fragilisé des dalles et des murs porteurs et la cage de l’ascenseur a littéralement fondu sous l’effet de la chaleur. » 

Un cauchemar

«Depuis l’incendie, notre immeuble est gardé jour et nuit par des vigiles pour éviter les pilleurs, mais nous pouvons y accéder pour aller chercher des affaires», poursuit Paul, qui ne s’y attarde guère. Et pour cause. «La régie a dû remplacer toutes les portes, enfoncées en urgence par les pompiers. Elle doit aussi repeindre les murs des logements, noircis par la fumée. En attendant, il a fallu vider nos armoires et envoyer nos habits à la teinturerie pour les désodoriser. Chez moi, il y a des cartons partout, c’est un véritable capharnaüm», conclut ce rescapé, encore sous le choc.  «Un incendie vous marque à vie. Cette nuit mouvementée a été terrible. Vraiment terrible. Toute cette fumée, ces cris de détresse. Depuis, j’en fais des cauchemars. Le feu, c’est vraiment l’horreur».

Ailleurs

En une année, Genève a vécu quatre gros incendies. Outre celui de Champel,  il y a eu Onex,  Carouge et  Vernier (lire ci-contre).  En tout, une centaine de locataires ont été plongés subitement en plein cauchemar. Comment s’en sortent-ils? «Nous aidons nos assistés et les réfugiés des Tattes», précise Michel Nicolet, directeur de l’action sociale à l’Hospice général. 

Aux Contamines, l’Hospice a ainsi relogé cinq personnes seules, une famille de trois personnes dans des hôtels de seconde main. Un locataire est  allé de lui-même dans un hôtel de la place. «Six rescapés ont pu être logée dans un immeuble avec encadrement social et six personnes âgées de plus de 80 ans, dans des EMS ou dans leur famille», poursuit Michel Nicolet. Quant aux locataires de l’hôtel carougeois, l’Hospice général a pu les reloger provisoirement dans un autre hôtel. Mais le provisoire, on le sait dure, s’éternise…

Et comment se débrouillent les locataires  qui ne bénéficient pas de l’aide sociale? «Ils doivent faire intervenir leur assurance RC ménage pour tenter de se se faire rembourser un logement provisoire, conclut Michel Nicolet. Mais dans la plupart des cas, ces sinistrés vont chez des amis ou dans la famille.» L’Hospice général reconnaît qu’il y a un vide dans l’aide pour ces personnes-là. Paul en sait quelque chose. Ses affaires sont parties en fumée. A l’approche des fêtes, il espère trouver une vie normale …