Pièces à conviction: la caverne d’Ali Baba

- Derrière un crime ou un cambriolage, il y a souvent la saisie d’objets, aussi nombreux qu’hétéroclites.
- Armes, drogue, bijoux, tableaux, vins millésimés, portables et habits sont stockés par la justice…
- … avant d’être donnés, vendus ou détruits. Comme, par exemple, la combi sexuelle en latex de l’affaire Stern.

  • Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction.  POUVOIR JUDICIAIRE

    Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction. POUVOIR JUDICIAIRE

  • Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction.  POUVOIR JUDICIAIRE

    Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction. POUVOIR JUDICIAIRE

  • Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction.  POUVOIR JUDICIAIRE

    Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction. POUVOIR JUDICIAIRE

  • Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction.  POUVOIR JUDICIAIRE

    Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction. POUVOIR JUDICIAIRE

  • Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction.  POUVOIR JUDICIAIRE

    Chaque année, le Greffe réceptionne près de 5700 inventaires, comportant plusieurs pièces à conviction. POUVOIR JUDICIAIRE

«Le Greffe des pièces à conviction traite les biens saisis de façon égale, quel que soit le retentissement de l’affaire»

Henri Della Casa,porte-parole du Pouvoir judiciaire

La justice détient une jolie fortune en pièces à conviction, un beau trésor caché quelque part à Genève! Seul le Greffe des pièces à conviction connaît la formule magique pour accéder à cette véritable caverne d’Ali Baba où s’entassent, au fil des ans, des milliers d’objets très hétéroclites, allant de lots de lunettes, ordinateurs, drogue, grands vins classés ou téléphones portables. Des objets qui concernent toutes les affaires, petites ou grandes, qui ont défrayé ou non la chronique.

Sissi, Stern, Fabrice A.

Côté affaires retentissantes, il y a notamment le procès de l’anarchiste Luigi Luccheni, de la fin du XIXe siècle. Soit la saisie du fameux pic que l’assassin a utilisé pour toucher mortellement au cœur Sissi l’impératrice d’Autriche en 1898 devant l’Hôtel de la Paix. Arme qui a été remise en 1980 à un musée autrichien. Plus près de nous, la combinaison en latex sexuelle criblée de balles du banquier Edouard Stern, assassiné en 2005 dans son appartement luxueux des Eaux-Vives. Combinaison qui a été incinérée après le procès. Aujourd’hui, figure dans le lot, le couteau de chasse du détenu multirécidiviste violeur, Fabrice A. qui a égorgé Adeline, la sociothérapeute de la Pâquerette en 2013, dans les bois de Bellevue (lire en page 7) .

«Coffre-fort» de la justice

Mais il n’y a pas que des objets médiatiquement célèbres. Parmi les nombreux autres objets séquestrés, se mélangent armes, drogues, téléphones portables, ordinateurs, appareils électroniques, cigarettes, lots de parfums, ferraille, cuivre, lunettes, vêtements et accessoires, de luxe ou non, mais en bon état. On trouve aussi des traditionnels pièces de monnaie, billets de loterie étrangère, limes, boîtiers de montres, fausse monnaie, un linceul d’enfant, un engin ayant servi à subtiliser l’argent du tronc des églises. Plus rarement, des grands crus, des vins classés et millésimés, bijoux – parfois somptueux – mais aussi des tableaux qui peuvent être de maître. «En tout, le Greffe des pièces à conviction réceptionne entre 5600 et 5700 inventaires par année, comportant chacun plusieurs pièces, commente Henri Della Casa, porte-parole du Pouvoir judiciaire. Il s’agit très souvent de stupéfiants et de téléphones portables. Cela représente des milliers de pièces.»

Vendu, détruit, donné, restitué

Et que conserve-t-on? «Les objets ayant servi à la commission d’infraction sont en règle générale détruits, dès la fin de la procédure», poursuit Henri Della Casa. Et d’étayer: «Les drogues sont systématiquement incinérées aux Cheneviers, les vêtements et accessoires donnés à des œuvres caritatives, comme Emmaüs, le Centre social protestant et l’Armée du Salut. Les porte-monnaie volés par un pickpocket sont en revanche rapidement restitués. Les ordinateurs, après suppression des documents, sont remis à des associations, les bijoux, métaux précieux et cuivre sont fondus et vendus aux enchères. Enfin, les véhicules sont conservés à la fourrière cantonale et les bijoux et crus également vendus aux enchères.»

A quoi sert l’argent récupéré?

Quant à l’argent récupéré lors de ventes aux enchères des objets saisis, il est notamment utilisé pour dédommager les lésés. Et Henri Della Casa de détailler: «En revanche, les recettes des ventes aux enchères d’objets confisqués ou de la fonte de métaux, qui représentent en moyenne 125’000 francs par an, vont dans l’escarcelle du Pouvoir judiciaire.»

Distinction médiatique

Certitude, la justice est équitable pour tous. «Le Greffe traite les biens saisis de façon égale quel que soit le retentissement de l’affaire», conclut Henri Della Casa.