«Nous avons de plus en plus de missions pour évacuer des patients de forte corpulence par la façade»
Sergent Régis Python, responsable du groupe GRIMP au SIS
Vous pensez que les pompiers bravent les flammes, luttent en cas de fuites d’hydrocarbures, d’accidents chimiques et d’émanations radioactives, interviennent lors d’accidents de circulation, maîtrisent les dégâts dus aux éléments naturels, sauvent des animaux? Vous avez raison. Mais en plus, dix-huit hommes du Service d’incendie et de secours (SIS) s’envoient dans les airs pour secourir des personnes en difficulté, là ou l’échelle des pompiers ou l’hélicoptère de la REGA ne peuvent pas accéder. Mais de quels sauvetages parle-t-on exactement? Evacuer un patient obèse par une façade, un nettoyeur de vitres bloqué dans sa nacelle sur la Tour de la télévision, un touriste pris de malaise sur le toit de la Cathédrale, un jeune adepte de plongeon sauvage tétanisé au-dessus du pont de Sous-Terre à Saint-Jean…
Pompiers-spiderman
Rattachés au GRIMP (Groupe d’interventions en milieux périlleux) avec une expérience chevronnée d’alpiniste, ces hommes du feu à la double casquette, sont un peu les spiderman du SIS et les seuls en Suisse romande à être formés par le Secours alpin suisse. Depuis cinq ans, leurs missions se développent en milieu urbain. Le public les voit parfois grimper en haut des 64 mètres de la tour de la RTS pour venir en aide à un laveur de vitre coincé dans sa nacelle. Mais aussi du haut de la Cathédrale Saint-Pierre, lieu emblématique sur un site protégé, pour être prêt à une éventuelle évacuation par le clocher d’un touriste pris de malaise. Ils escaladent la tour de l’usine d’incinération des Cheneviers à Aire-la-Ville pour y sauver un ouvrier en perdition, grimpent au sommet des plus hautes grues des chantiers pour venir en aide à des ouvriers en difficulté.
Randonneurs, obèses…
De leur côté, les six spécialistes du sauvetage héliportés du GRIMP interviennent également avec l’hélicoptère de la REGA pour venir en aide aux randonneurs coincés en montagne, dans le Jura et les Préalpes, mais aussi aux enfants égarés dans les falaises de la région. Il y a aussi ces ados perdus ou perchés sur des arbres. Côté sauvetage particulier, le GRIMP est aussi appelé pour évacuer de jeunes adeptes de plongeon sauvage dans le Rhône, bloqués dans des falaises, à Saint-Jean, aux abords du pont Butin ou tétanisés au moment de se jeter à l’eau.
Et côté insolite ces trois dernières années, les pompiers-alpinistes évacuent aussi en descente en rappel par la façade des personnes blessées, en état d’obésité ou qui ne peuvent pas être prises en charge autrement. ☺«Nous avons effectué cinq sauvetages par les toits de patients obèses à Genève et dans le canton de Vaud, en appui pour nos confrères lausannois», détaille le sergent Régis Python du GRIMP. La dernière intervention date de l’automne dernier, au 25e étage de la tour du Lignon. «Les dix-huit spécialistes du GRIMP sont aguerris aux sauvetages techniques en conditions difficiles, poursuit-il. Avec des cordes, nous pouvons déplacer en sécurité des charges allant jusqu’à 400 kilos. En revanche nous ne treuillons pas les patients de forte corpulence car nous ne disposons pas de matériel pour les conditionner en vue d’une prise sous l’hélicoptère.»
A part ça, ces sauveteurs exceptionnels recherchent des suicidés, voltigent dans les airs lorsqu’il faut consolider une toiture après un sinistre. C’est ce qui s’appelle sauver des vies jusqu’au 7e ciel! Alors, elle n’est pas belle la vie de nos héros!