«C’est ma femme qui veut absolument garder la porte en déco chez nous et qui refuse que je la cède!»
Philippe Schwab, policier à la retraite
«J’ai déniché une porte de cellule de la prison de Saint-Antoine, datant du 19e siècle, en chinant bêtement au marché aux puces de Plainpalais, le samedi 24 juin!» Philippe Schwab, maréchal retraité de la police, est aux anges. «J’ai été servi, car cette porte de geôle fait partie du patrimoine genevois!»
Des enchères aux Puces
L’ancien gradé de la gendarmerie genevoise, qui est également co-conservateur du Musée de la police à la Gravière, n’a cependant pas proposé l’imposante porte de près de 2 mètres et de 55 kilos à l’Association des Amis de la police. «Elle est exposée chez moi à Perly, dans mon vestibule pour faire plaisir à madame!», sourit Philippe Schwab, derrière ses célèbres bacchantes.
Mais comment une porte de geôle de la prison de Saint-Antoine a-t-elle fini en vente à Plainpalais, au milieu des fripes? «Avant la transformation des lieux en Palais de justice, en 1997, l’Etat avait vendu les portes aux enchères, en octobre 1996, poursuit le nouvel acquéreur. Personne ne souhaitait détruire ces pièces mythiques en épicéa avec des graffitis où apparaissent encore les messages de souffrance des détenus et des chiffres qui en disent long sur les jours de détention des vagabonds, mendiants et autres délinquants incarcérés à cette époque.»
Vente exceptionnelle
Un autre fonctionnaire se souvient parfaitement de cette vente aux enchères, d’il y a vingt ans à l’Office des faillites. «Ces portes avaient tellement séduit les gardiens qui travaillaient à Saint-Antoine, qu’ils les avaient embarquées chez eux lorsque la prison a changé d’affectation. Par la suite, les gardiens les ont rendues pour qu’elles puissent être vendues aux enchères.» Et de poursuivre: «C’est en effet grâce à cet engouement que Gérard Ramseyer, conseiller d’Etat chargé à l’époque du Département de justice et police, a eu l’idée d’en faire profiter le public. C’était du jamais vu à Genève!»
Au profit de la réinsertion
La presse annonçait alors que ces pièces exposées dans la Cour de la prison de Saint-Antoine avaient été vendues entre 200 et 750 francs pièce. Ce qui avait permis de récolter quelque 10’000 francs au profit d’une association pour la réinsertion d’anciens détenus.
Phillipe Schwab est ravi d’apprendre qu’il n’a pas fait les frais de l’inflation. Près de 20 plus tard, il n’a déboursé que 200 francs pour s’offrir une porte de pénitencier rare qui jamais ne va se refermer...