Ras-le-bol des beuveries dans les parcs!

- Des habitants dénoncent les nuisances dues aux rassemblements de centaines de jeunes dans les parcs.
- Pour faire régner à nouveau l'ordre, ils réclament la fermeture des parcs la nuit.
- Des adolescents témoignent de leurs virées nocturnes réunissant parfois jusqu'à 200 jeunes.

  • Ras-le-bol des beuveries dans les parcs!

    Ras-le-bol des beuveries dans les parcs!

  • Triste spectacle les lundis matins dans les parcs et les préaux d'école…

    Triste spectacle les lundis matins dans les parcs et les préaux d'école…

«Je me réjouis des week-ends de pluie, comme ça, je peux dormir!» Pierre* habite à proximité du parc Bertrand à Champel. Cet été, témoigne-t-il, des rassemblements de jeunes dans le parc ont dépassé tout entendement. «Le soir du Jeûne genevois, près de 100 jeunes pour la plupart âgés entre 16 et 20 ans ont mis le parc Bertrand sens dessus dessous! Beaucoup semblaient pris de boisson, les filles hurlaient à un tel point que je croyais qu'elles se faisaient violer. Il y a même une voiture qui a circulé dans le parc, saluée et accompagnée par des groupes de jeunes en hystérie! Finalement, une ambulance est intervenue et a pris en charge un jeune mal en point, apparemment pour des raisons de drogue. Le calme est revenu au petit matin vers 6 heures!»

Autres parcs concernés

Cette problématique des party sauvages n'est pas propre au parc Bertrand. Le parc Geisendorf, celui de Voltaire ou encore les Délices subissent aussi des incivilités en plus du trafic de drogue. Les Délices ont d'ailleurs été fermés un temps, notamment à cause de rassemblements liés aux trafics de drogue. Et une habitante de Saint-Jean d'enchaîner: «Le sentier du promeneur solitaire, au pied de la grande tour de Saint-Jean est aussi un lieu de rassemblement de jeunes les week-ends. Ils font un ramdam d'enfer jusqu'au petit matin, trop c'est trop!»Aux Cropettes, le week-end dernier, des enfants d'une dizaine d'années ont découvert un spectacle pitoyable dans leur préau d'école: cadavres de bouteilles, bris de verre, clopes, serviettes hygiéniques, etc. «C'est comme ça chaque week-end!» déplore le concierge qui se dit impuissant à ramener un semblant d'ordre dans le préau.

Agissez!

Ce n'est pas d'aujourd'hui que des citoyens se plaignent des nuisances durant la belle saison causées par des jeunes qui envahissent le domaine public. Reste qu'actuellement, en l'absence de rondes policières cohérentes, il devient, selon eux, urgent de prendre des mesures. Parmi celles-ci, la fermeture des parcs la nuit. «Les jeunes savent que la police est en sous-effectifs et que la police municipale ne travaille pas au-delà de minuit, poursuit Pierre. C'est pour cela qu'ils peuvent faire du bruit autant qu'ils veulent!»

A la Ville de veiller

Pierre Maudet, le nouveau chef de la Sécurité cantonale, rappelle que les parcs sont des espaces privés de la Ville de Genève: «Leur surveillance revient donc au premier chef aux policiers municipaux, précise-t-il. Le Département de la sécurité ne prévoit pas de rondes et de patrouilles préventives supplémentaires.» Et de rassurer: «Mais, bien entendu, la police cantonale intervient en cas d'appel.»Lorsque Pierre Maudet dirigeait la sécurité et le Service des espaces verts en Ville de Genève, il avait admis (GHI 24.05.12) que le plus grand nombre de plaintes sur la salubrité concernaient effectivement les espaces verts. Il précisait même qu'il y avait une augmentation, le soir et la nuit, d'incivilités comme le littering, les nuisances sonores, la violence, les déprédations ou encore le vandalisme. Il rappelait que la Ville avait engagé des privés d'avril à octobre pour pallier aux incivilités pendant les week-ends et que la police municipale allait accroître ses surveillances. Qu'en est-il aujourd'hui?Rémy Pagani, maire de la Ville et responsable par intérim de la sécurité à la Ville, ne souhaite pas se prononcer sur ce dossier épineux: «Il préfère que ce soit le magistrat qui reprendra ce dicastère après l'élection du 4 novembre», note Raoul Schroumpf de la direction et secrétariat du Département de l'environnement urbain et de la sécurité. D'ici là, et c'est un paradoxe révélateur, un grand nombre de citoyens continue à lever les yeux au ciel, redoutant un automne trop clément.

* Nom connu de la rédaction

Les rondes dans les préaux

SZ • Onze employés pour huit postes. Voilà à quoi se résument les effectifs du Service de la jeunesse (DEJ) de la Ville de Genève. Dispatchés principalement dans les zones à forte affluence, tels les Rues-Basses ou le quartier de Plainpalais, ces travailleurs sociaux se partagent la supervision de quelque 53 préaux susceptibles d'abriter des fêtes clandestines. «Il est impossible de tout contrôler, reconnaît Claudio Deuel, directeur du DEJ. Nous misons essentiellement sur les discours préventifs, notamment des conseils visant le respect du voisinage et l'empêchement d'un alcoolisme abusif.»Quant à l'existence de ces rassemblements, le directeur du DEJ n'y voit pas d'inconvénient: «Les jeunes ne font rien de mal en se rassemblant sur le domaine public. Ce n'est pas interdit, assure-t-il. Parfois, nous organisons nous-mêmes des fêtes dans les parcs afin de nous rapprocher des jeunes et d'éviter d'éventuels débordements.»