Senior alcoolo, toxico, dément, cherche psy

  • Face à l’augmentation des addictions et démences des aînés, des médecins tirent la sonnette d’alarme.
  • En jeu? Favoriser les soins à domicile plutôt que des consultations aux Urgences, déjà saturées.
  • Autre mesure, proposer une formation spécifique à tout le personnel des EMS.

  • La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

    La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

  • L’évolution des troubles psychiatriques des seniors inquiète l’Observatoire suisse de la santé. istockphoto

    L’évolution des troubles psychiatriques des seniors inquiète l’Observatoire suisse de la santé. istockphoto

  • L’évolution des troubles psychiatriques des seniors inquiète l’Observatoire suisse de la santé. istockphoto

    L’évolution des troubles psychiatriques des seniors inquiète l’Observatoire suisse de la santé. istockphoto

  • La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

    La santé mentale des aînés va mal. En cause, une hausse des addictions et des démences. Débordés, des médecins tirent la sonnette d’alarme et préconisent un renforcement des soins à domicile.

«Les benzodiazépines ou anxiolytiques ne soignent pas les seniors souffrant de pathologies mentales»

Panteleimon Giannakopoulos, médecin chef au service de psychiatrie générale aux HUG

Paul, 85 ans est veuf. Pour noyer sa solitude il boit. Trop. Germaine, 78 ans, tourne en rond dans son appartement. Pour faire face au manque de visites, elle prend des benzodiazépines lui permettant de dormir, voire des antidépresseurs pour ne pas sombrer. Helène, 93 ans, perd la mémoire, n’arrive plus à raisonner, son comportement est agressif, elle n’a plus d’aptitude à réaliser les activités quotidiennes. Elle souffre de démence, vit en EMS et son attitude est parfois difficilement acceptable par les employés et les pensionnaires des établissements médico-sociaux. Eric, 70 ans, quant à lui, fait partie de ces soixante-huitards qui fument toujours des joints, comme s’il avait 20 ans. A la différence que sa santé mentale est aujourd’hui fortement atteinte notamment à cause de ses longues années de toxicomanie. Il erre dans son appartement en buvant des whisky…

SOS psychogériatres

L’évolution des troubles psychiatriques de ces seniors inquiète l’Observatoire suisse de la santé, qui, en début d’année, a tiré la sonnette d’alarme. «Que ce soit à domicile, dans les maisons de retraite ou en EMS, le nombre de troubles mentaux explose, relève son rapport 2015. Aux pathologies chroniques qui perdurent au-delà de la retraite, comme les dépressions ou psychoses, s’ajoutent maintenant les démences et les addictions. C’est un leurre de penser que la santé mentale des aînés se détériore à cause de l’âge, de la dépression ou de la perte de mémoire. Il devient urgent que des psychogériatres prennent la relève pour soigner à domicile, en EMS ou dans les maisons de retraites. Les hôpitaux sont saturés. Il manque en effet des psychogériatres pour suivre ces aînés laissés pour compte et dont le nombre explose du fait de l’augmentation de la durée de vie.»

Encombrement dans les hôpitaux

Il est vrai que par manque de médecins spécialisés, les seniors consultent la plupart du temps en urgence à l’hôpital. Au point qu’en 10 ans, les consultations ont augmenté de près de 25% aux HUG. Dans le canton de Vaud elles ont pour leur part bondi de près de 46%. «A Genève, les admissions aux Urgences sont moins importantes que chez nos voisins vaudois car les seniors en EMS sont suivis par le Centre ambulatoire de psychiatrie et de psychothérapie de l’âgé (CAPPA) des HUG», détaille Nicolas De Saussure, responsable des relations avec les médias et des relations publiques des HUG.

Petit hic cependant, les hôpitaux ne sont pas adaptés face à cette augmentation. Pourquoi? « «Les aînés souffrent de polymorbidité, soit de plusieurs pathologies chroniques, relève Panteleimon Giannakopoulos, médecin chef au service de psychiatrie générale aux HUG. Or, dans la plupart des cas, ces patients utilisent des traitements de benzodiazépines ou d’anxiolytiques prescrits par des médecins généralistes et arrivent dans des phases critiques à l’hôpital. Leur nombre augmente régulièrement.»

Formation en EMS

Alors comment Genève panse-t-elle les plaies mentales de ces seniors? «En passant par l’unité ambulatoire du CAPPA et parfois en faisant appel à des praticiens privés, détaille Christophe Dulex, secrétaire général de la Fédération genevoise des établissements médico-sociaux. Depuis 2013, nous formons le personnel des EMS à l’accompagnement de personnes atteintes de démence en EMS. Nous formons l’équipe interdisciplinaire, du cuisinier à l’aide-soignant, en passant par le nettoyeur car ces employés côtoyent quotidiennement les seniors dans les couloirs. Il est primordial que le personnel puisse aider le pensionnaire autrement qu’en lui administrant des calmants ou en le rejetant socialement.» Une idée largement partagée par Jean-Marc Guinchard, président de l’association genevoise des établissements médico-sociaux qui révèle: «Un EMS teste cette formation, qui sera dispensée dans toutes les EMS du canton.»

Psy à domicile

Enfin, depuis peu à Genève, deux psychologues-psychothérapeutes se déplacent sur le lieu de vie des aînés pour combler cette «zone grise»: «Nous proposons une aide psychologique inédite sur mesure,» détaille le docteur Jean-Christophe Betrisey, l’un des initiateurs, d’Ecoutadom, la société de psy à domicile.