Via Sicura: «Stoppons le délit de chauffard!»

  • L’association Stop aux abus de Via Sicura (ASAVS) lance une initiative pour tempérer les règles en vigueur.
  • Elle estime disproportionnées les peines qui sanctionnent les délits de chauffards.
  • Interview de son secrétaire général, Pierre Contat. La section genevoise de l’ACS sur le pied de guerre.

  • En commettant un excès de vitesse sur une autoroute sans accident, le conducteur passera par la case prison. DR

    En commettant un excès de vitesse sur une autoroute sans accident, le conducteur passera par la case prison. DR

  • Via sicura: stop à la criminalisation

    Via sicura: stop à la criminalisation

  • En commettant un excès de vitesse sur une autoroute sans accident, le conducteur passera par la case prison. DR

    En commettant un excès de vitesse sur une autoroute sans accident, le conducteur passera par la case prison. DR

– GHI: Votre initiative est prête depuis près de deux ans. Vous venez enfin de la lancer. Pourquoi avoir attendu si longtemps. Faute de soutiens réels et en suffisance?

– Pierre Contat: Petite précision, l’initiative n’est pas prête depuis 2 ans, nous y travaillons depuis 20 mois environ. Elle était prête en juin 2015 déjà, mais nous avons quelque peu attendu pour la lancer. Et cela pour deux raisons: d’abord nous attendions le résultat de la motion déposée par le conseiller national Fabio Regazzi au National, qui reprenait en partie des éléments de notre texte, pour savoir si nous devions y apporter quelques modifications. Parallèlement, nous cherchions à développer des contacts en Suisse alémanique pour la récolte des signatures.

– Vous reprochez à Via Sicura une disproportion entre la gravité de la faute commise et la sanction encourue. Donnez-nous quelques exemples...

– C’est simple. Une personne qui fait un excès de vitesse, sans mettre en danger autrui, sur l’autoroute, sur une route de montagne ou en pleine campagne, se verra infliger une peine automatique (même si elle n’est pas récidiviste) qui sera plus forte que pour un viol, la vente de drogue et même un homicide par négligence, car dans ces cas-là le juge peut apporter une appréciation sur la gravité du fait commis (récidive, antécédents tels enfance difficile, etc.) ce qui n’est pas le cas avec Via Sicura!

– Avec, en plus, un tas d’autres dégâts collatéraux…

– Oui, perte d’emploi ou suivi de problèmes familiaux. Un certain nombre de cas, connus chez nous, sont maintenant à l’assistance sociale…

– Ces dernières années, les accidents sont en baisse dans notre pays. Cela tendrait plutôt à démontrer que la sévérité fédérale a contribué à calmer les ardeurs de certains conducteurs?

– Quelles statistiques peuvent prouver cela? Quid de la sécurité des véhicules par le développement technologique et des infrastructures routières? Contre-sexemple: le revenu des amendes par radar en Valais a été stable entre 2012 et 2014.

– A contrario, on pourrait dire que l’impact de Via Sicura a au moins une influence sur les délits de chauffards puisqu’ils sont en en régression: 53 en 2013 contre 37 en 2015...

– Dans ces «chauffards», lesquels le sont vraiment, à savoir qui a mis en danger d’autres personnes et qui s’est simplement fait prendre au radar, sans mise en danger d’autrui... Cela dépend de trop d’éléments aléatoires: les prises de vitesse ont-elle été réalisées en ville, en campagne, sur autoroute et dans quelle proportion? Je suis actuaire de formation. Je peux vous dire que, selon les hypothèses de base, on fait dire ce que l’on veut ou presque à une statistique...

– Les radars ne servent donc à rien. Il faudrait les supprimer?

– Non! Selon les circonstances, devant les écoles ou autres lieux à risque, il faudrait les intensifier, mais sinon les diminuer.

– Faudrait-il aussi modifier les peines maximales destinées aux fous du volant ou aux pratiquants de rodéos routiers?

– Nous ne souhaitons pas modifier Via Sicura dans ces cas-là! Ceux qui «s’amusent» à ces jeux-là doivent être punis sévèrement, car ils mettent en danger les autres.

– Ce que vous prônez au fond, c’est qu’on sensibilise plutôt qu’on punisse de manière excessive...

– La notion de sécurité devrait effectivement priviliégier la sensibilisation, par la prise de conscience des comportements à risque comme la vitesse, la prise de drogue, d’alcool ou de médicaments, ou encore la conduite agressive… Mais pas seulement! Par une meilleure formation des conducteurs, notamment en termes de maîtrise du véhicule dans différentes situations (trafic dense, surfaces glissantes...), par l’adaptation aux conditions de la route!

www.asavs.ch

ACS-Genève: «Stop aux dérives!»

ChZ • L’Automobile club Suisse (ACS), section genevoise, souhaite aussi freiner au maximum les dérives de Via Sicura, les nouvelles dispositions fédérales visant à renforcer la sécurité routière et diminuer les victimes sur la route. «Nous nous sommes toujours opposés aux dérives de Via Sicura, tonne René Desbaillets, président de l’ACS-Genève. Il est intolérable de criminaliser les usagers de la route non récidivistes qui n’ont pas commis d’accident. Un exemple? Dépasser de plus de 60 km/h la vitesse autorisée sur une autoroute, sans commettre d’accident, on perd non seulement son permis de conduire pour deux ans, mais en plus on ira un an en prison!»

Cet exemple de criminalisation n’est pas isolé. Ainsi, un détenteur de permis C, qui roule trop vite, risque pour sa part d’être carrément renvoyé au pays d’origine… Et sa famille avec. Inacceptable pour la section genevoise de l’ACS qui travaille de concert avec l’Association Stop aux abus de Via Sicura.

Pour signer l’initiative populaire: acs.geneve@acs.ch