Elections fédérales: amateurs, s’abstenir!

MISE EN GARDE • A quoi sert un conseiller national? A prendre, sur délégation du peuple, des décisions qui engagent le pays! Pour prétendre occuper un tel poste, la moindre des choses est de connaître à fond les dossiers fédéraux. Et se montrer au parfum dès le premier jour.

  • Le palais fédéral, lieu de convoitise des 178 candidats genevois au Conseil national. DR

    Le palais fédéral, lieu de convoitise des 178 candidats genevois au Conseil national. DR

«Il n’est plus possible, en 2015, de prétendre siéger à Berne sans avoir une idée précise des grands enjeux qui nous attendent»

Pascal Décaillet

Ils sont 178, tous partis confondus, à briguer pour Genève les onze places du canton au Conseil national. La campagne commence maintenant. Elle sera brève, intense, et montera en puissance jusqu’au dimanche 18 octobre, jour des élections fédérales. Le Conseil national, Chambre du peuple, c’est une représentation proportionnelle au nombre d’habitants de chaque canton: Zurich a beaucoup d’élus, Glaris très peu. Le Conseil des Etats, pour équilibrer, c’est la Chambre des Cantons: chaque canton, petit ou grand, peuplé ou pas, a droit à deux conseillers aux Etats. Deux pour Zurich, deux pour Glaris. Et donc, deux pour Genève. Nous reviendrons ultérieurement sur cette élection-là.

La course est lancée

Huit semaines de campagne, c’est court. Les candidats devront se profiler dans la clarté, traquer à tout prix la langue de bois, tenir un discours précis, documenté et concis, nous y serons attentifs. Ils devront connaître sur le bout des doigts les grands thèmes de campagne, montrer qu’ils maîtrisent l’Histoire suisse, nos institutions, notre fédéralisme, notre démocratie directe. Amateurs, s’abstenir! Il n’est absolument plus possible, fin 2015, de prétendre siéger à Berne, dans un législatif qui conduit le pays, sans avoir des bases très solides sur la nature de la Suisse, ni une idée précise des grands enjeux qui nous attendent. Migrations, politique européenne, avenir des assurances sociales (à commencer par l’AVS), finances fédérales, politique de sécurité, avenir de notre industrie, de notre agriculture, grandes orientations pour les transports.

A cet égard, un argument, naguère avancé par certains, apparaît comme inadmissible: prétendre qu’on monte à Berne pour «se former à la politique fédérale», et qu’il faudra bien deux ans, voire toute la législature, pour commencer à se mettre au parfum. Honteuse posture: le Conseil national n’est pas une école, ni une garderie. On doit, dès le premier jour où on y fait son entrée, s’y montrer déterminé, faire preuve de volonté, de connaissances, d’audace. Il n’existe aucune prééminence des anciens, chaque élu représente le peuple, chacun a les mêmes droits. Nous, les citoyens, n’élisons pas des gens pour qu’ils «apprennent», mais pour qu’ils prennent des décisions. Et si elles nous déplaisent, ces décisions, eh! bien nous les attaquerons par référendum: le vrai patron, en Suisse, c’est le peuple.

Thèmes de campagne

Nous reviendrons largement, dans nos éditions ultérieures, sur les grands thèmes de la campagne. La politique migratoire, bien sûr, sujet majeur, amiral, je ne vous fais pas un dessin. Le financement des retraites, des assurances sociales. L’assurance maladie. La formation. La sécurité. Ces thèmes, j’aime autant vous dire que les 178 candidats ont intérêt à les connaître. Puisqu’ils prétendent siéger à Berne pour quatre ans, il leur appartient de se documenter à fond, dégager des priorités, savoir les exprimer avec hiérarchie, clarté, efficacité. Nous ne pouvons absolument plus nous permettre d’envoyer à Berne des amateurs, et cela, tous partis confondus. La première vertu, en politique, c’est la compétence, la maîtrise du sujet, le courage de ses opinions. Oui, plus que jamais, bonne chance à tous, mais de grâce, amateurs s’abstenir!