Fusible

La politique genevoise ressemble de plus en plus à une entreprise générale d’électricité: elle affectionne l’usage des fusibles. Vous connaissez le principe: le fusible saute, il se sacrifie donc, mais en même temps il évite à votre appartement des dégâts bien plus graves.

S’il est un ministre qui doit être particulièrement doué en électricité, c’est bien Pierre Maudet. Dans son univers à lui, innombrables sont les fusibles. Le dernier en date s’appelle Christian Cudré-Mauroux. Chef des opérations de la police. Un homme dont tout le monde reconnaît la valeur. Mais qui se trouve maintenant suspendu de ses fonctions. A cause des événements survenus dans la nuit du 19 au 20 décembre 2015, nuit du saccage généralisé dans les rues de Genève.

Porte-t-il une responsabilité? Nous n’en savons rien. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut quelqu’un pour payer. Dans la chaîne de commandement, plus haut que ce serviteur de l’Etat, il y a la Cheffe de la police. Et, plus haut encore, le magistrat, Pierre Maudet. Oui, il y a ces deux personnes. Mais celui qu’on désigne immédiatement, sur lequel on déclenche une «enquête administrative», c’est M. Cudré-Mauroux. Peut-être sera-t-il blanchi, peut-être pas, mais l’essentiel, c’est que c’est lui le thème, lui le sujet, lui l’objet des questions.

Le procédé est vieux comme le monde. Le coup de «l’enquête administrative». Laquelle, d’office, semble exonérer toute responsabilité en amont. Celle du plus haut niveau de la police. Celle du magistrat de tutelle. M. Maudet, Mme Bonfanti, n’étaient-ils donc au courant de rien, pendant cette douce nuit de pré-solstice, où la lune, paraît-il, prenait un malin plaisir à se cacher derrière les nuages?