Le MAH doit appartenir aux Genevois!

CULTURE • Le Conseil municipal a certes accepté le crédit de 132 millions pour le Musée d’art et d’histoire. Mais cette décision ne suffit pas. Le Musée doit être celui du peuple.

  • Le nouveau Musée d’art et d’histoire doit être celui de tous les Genevois. DR

    Le nouveau Musée d’art et d’histoire doit être celui de tous les Genevois. DR

«Il y a, dans cette affaire, de nombreuses choses qui ne vont pas. Des arrangements bricolés en haut lieu»

Pascal Décaillet

Il y a des moments, dans une démocratie, où il faut aller plus loin que la décision d’un Parlement. Ou, en l’espèce, d’un délibératif, le Conseil municipal de la Ville de Genève. Ce dernier a décidé, mercredi 20 mai, à l’issue d’un débat nourri, de voter le crédit de 132 millions nécessaire à l’extension et la rénovation du Musée d’art et d’histoire (MAH). La majorité est claire (49 oui, 25 non, 1 abstention). La décision, légitime. Et pourtant, cela ne suffit pas. Trop de questions demeurent. Le partenariat avec le privé, donné comme un dogme inattaquable par la majorité, mérite critique et réflexion. Donc, oui, il faut un référendum. Il faut que le peuple citoyen de la Ville de Genève puisse prendre souverainement sa décision sur cet enjeu. Les sommes sont énormes. Et le Musée doit être celui du peuple. Celui de tous. Chaque citoyen de la Ville doit pouvoir, le jour venu, le visiter en se disant: «C’est une part de mon argent, une part de moi-même, c’est MON musée.»

Arrangements bricolés

Car il y a, dans cette affaire, de nombreuses choses qui ne vont pas. Des charrues avant les bœufs. Des arrangements bricolés en haut lieu. Une convention avec un privé, dont l’exécutif de la Ville a souhaité in extremis une modification, nommée «amendement», provoquant entre autres la colère du «mécène», opportunément publiée en plein débat du Municipal. Que de pressions! Que de couteaux sous les gorges! Tant d’intérêts, défendus par tant de spadassins, avec tant de fougue et d’intransigeance. Et il faudrait que tout ce bruit, toute cette fureur, se limitent au petit périmètre de 80 élus? Non, non et non! Cette affaire doit être celle du peuple. Qu’il vote oui, ou non, mais c’est à lui de décider.

Comme un non-dit

Et puis, il y a le coup politique de la gauche municipale, en pleine période électorale. Tout s’est passé comme si l’affaire du Musée devait fonctionner comme un non-dit, avec la loi du silence jusqu’à l’élection du nouveau quintet exécutif, le 10 mai 2015. Il ne fallait pas, dans cette campagne, qu’on s’aventure à parler du Musée. Tout ce petit jeu, entre les quatre candidats de gauche, était parfaitement perceptible, notamment dans les débats que nous avons organisés, sur Léman Bleu, aux Halles de l’Ile. En revanche, à peine l’élection obtenue, on a tenté un amendement, juste avant les débats du Municipal, pour modifier la convention avec M. Gandur. Ce dernier n’en avait aucune intention, d’où sa colère. Tout cela, cette précipitation, cette manœuvre ratée, suinte l’amateurisme, le manque de confiance dans le fond du projet. Alors, oui, partenariat privé ou pas, avec ce mécène-là ou pas, tout cela doit être repris à zéro, et tranché par le corps électoral.

Questions en suspens

Avons-nous besoin d’un Musée? Si oui, quel Musée? Avons-nous vraiment besoin des dizaines de millions d’un «mécène», avec les exigences du Monsieur, ses colères par presse interposée? Tout cela doit-il coûter si cher? Devons-nous avaliser des arrangements passés en haut lieu, loin des intérêts citoyens? Ces questions-là, empoignons-les. Et puis, un beau dimanche, votons. C’est cela, la démocratie. Et s’il faut y perdre un mécène, nous y gagnerons la clarté citoyenne. Cette dernière, quant à elle, n’a pas de prix.

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