Plan Berset: gauche sceptique

AVS • Le moins qu’on puisse dire, c’est que le plan de réforme de l’AVS d’Alain Berset, conseiller fédéral socialiste, ne ravit pas la gauche genevoise! A commencer par la plupart des membres de son propre parti: se succédant dans l’émission Les Yeux dans les Yeux, sur Léman Bleu, les chers camarades ont, nombreux, dit leur désaccord, ouvertement ou «à titre personnel», à ce paquet complexe, fruit d’un compromis dont seule la molasse bernoise a le secret. Elévation d’un an (de 64 à 65 ans) de l’âge de la retraite des femmes, baisse du taux du taux de conversion du deuxième pilier (de 6,8% à 6%), en compensation des rentes augmentées pour les bénéficiaires de l’AVS.

Ce qui ne passe pas, très clairement, c’est l’âge de la retraite des femmes. Encore moins, l’idée de monter d’un point le taux de TVA («impôt injuste»), pour financer l’ensemble. Bref, pour ses propres camarades de parti, ici à Genève, Berset a fait tout faux. On ne dit pas qu’il incarne la trahison sociale-démocrate, parce que ces mots-là n’ont plus cours, mais on n’est sans doute pas loin de le penser. Tout au plus, Manuel Tornare, incarnation de l’aile pragmatique du parti, s’empresse-t-il de préciser, comme pour atténuer la responsabilité de son magistrat, qu’il ne s’agit pas d’un plan Berset, mais d’un plan du Conseil fédéral.

Reste qu’à Genève, la pilule ne passe pas. D’autres ailes socialistes, dans d’autres cantons urbains, comparables, pourraient aussi se rebiffer. En cas de référendum, on voit déjà les fronts. A trop mettre en avant le compromis, dès le départ, on risque l’illisible. Alain Berset a du souci à se faire pour le succès de son projet.