Polices: rien n’est réglé!

MALAISE • A quelques semaines du vote populaire sur la loi sur la police (8 mars), grincements et insatisfactions remontent contre le ministre de tutelle. Et si l’hyper-communication de Pierre Maudet camouflait un autoritarisme interne sans égal?

  • Pierre Maudet règne en maître sur le service de presse de la police. DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

    Pierre Maudet règne en maître sur le service de presse de la police. DAVID ROSEMBAUM-KATZMAN

«Plusieurs malaises demeurent autour du métier de policier»

Pascal Décaillet

Mécontentements au sein de la police cantonale face à Pierre Maudet, fronde des policiers municipaux qui refusent d’assumer les missions sensibles, tout cela à moins de deux mois du vote de la population concernant la loi sur la police (le 8 mars): décidément à Genève, plusieurs malaises demeurent autour du métier de policier, qu’il soit cantonal ou municipal. A la vérité, quelques mois après la grève de l’habillement, l’été dernier, rien n’est réglé. La confiance n’est pas au rendez-vous. Genève parviendra-t-elle un jour à apaiser le thème de la police? On peut en douter, car des enjeux électoraux nous attendent, où la récupération politique du sujet est évidemment reine.

Différences

Soyons précis. La police cantonale est une chose, elle dépend du Département de Pierre Maudet, et opérationnellement de Mme Bonfanti. Les polices municipales en sont une autre, chaque commune ayant son territoire, même si la loi qui les régit est d’ordre cantonal. Les compétences ne sont pas les mêmes, les missions non plus. La question du port de l’arme, au niveau communal, se pose comme on sait. Mais il y a aussi d’autres différences, qui tiennent à l’état d’esprit, le rapport entretenu avec le magistrat de tutelle, la tradition propre à certains grands corps, chargés d’Histoire comme la Gendarmerie, etc. Nous reviendrons sur les polices municipales.

Elections

Concernant la police cantonale, l’enjeu premier qui nous attend est le verdict du peuple, le 8 mars, sur la loi sur la police. Nous y reviendrons ici, également. Rappelons juste qu’il est question, notamment, de réorganisation. Et que le MCG a voulu, dans toute la campagne référendaire, faire porter le débat uniquement sur la nationalité suisse des policiers, sujet sur lequel le Conseil d’Etat lui a grillé la politesse, le 14 janvier, en réglant le problème avant la votation, ce qui nous a valu, dans Genève à chaud (Léman Bleu) le soir même, un débat assez tendu entre Roger Golay, président du MCG, et Pierre Maudet. A vrai dire, nous sommes partis pour une campagne fourre-tout, un bric-à-brac de grenier, dont le seul enjeu politique consistera à donner ou non à Pierre Maudet une victoire personnelle dans le champ essentiel de ses compétences. Que votera le peuple? Nous verrons bien.

Mécontentements

Reste que l’état d’esprit, au sein de la police cantonale, laisse remonter des mécontentements face au ministre. Une chose est sûre: l’hyper-communicateur ne sollicite les médias que lorsque cela l’arrange, et peut être de nature à redorer son blason. Il règne en maître sur le service de presse de la police, impose une communication totalement maîtrisée par le pouvoir politique: tous les événements survenus dans la journée ne sont assurément pas relatés dans les communiqués quotidiens. Le ministre, même du bout du monde, maintient en outre un regard constant sur les réseaux sociaux: gare à celui qui, même en se contentant «d’aimer» un site, aurait ainsi déplu au Prince.

Hyper-contrôle de l’image

Oui, Pierre Maudet, tout en étant nettement moins raide et moins arrogant que son collègue radical du Conseil d’Etat (ce qui n’est pas difficile), n’en est pas moins un ministre hyper-contrôleur de l’image. Tous les policiers du canton ne s’en réjouissent pas. Et c’est là sans doute le plus doux euphémisme qu’il m’ait été donné de commettre depuis le début de l’année. Lire également en page 5.