La question pourrait surgir des Pensées de Pascal: existe-t-il une vie après la Grâce? Dans l’intérêt même du nouveau Président français, on espère que oui. Pour l’heure, M. Macron mange son pain blanc: médias en extase, sens critique au placard, beau temps, œillets et pensées, hirondelles s’ébrouant dans les jardins de l’Elysée. C’est bien. Mais, contrairement à Saint-Germain-des-Prés dans la chanson, il y aura, assez vite, un après.
Il est vrai que la passation de pouvoirs fut impeccable. L’homme, sur le tapis rouge, sut prendre son temps, comme il convient à un monarque, en s’approchant de son prédécesseur. Lequel l’accueillait avec bienveillance. Et, dans le sourire, une paternité de miel. Les admiratrices, aux anges. La presse people, au Nirvana. Points de vue, Images du Monde, lambris lustrés, courtisans pliés. Dire qu’on traversait l’Elysée et qu’on croyait Versailles.
Mais cet automne? Le droit du travail! La conception libérale, face aux vieilles rigidités françaises. Là, resurgiront Colbert, Carnot, jacobinisme et bonapartisme, et puis aussi Jaurès et Blum, Mendès France, toute la tellurique puissance de ces consciences. Réveillées. Debout.
Ce jour-là, l’état de grâce sera fini. Les choses sérieuses commenceront. Peut-être notre homme réussira-t-il, je n’en sais rien. Mais au moins nous serons dans le vrai, le concret, le granit de l’Histoire, l’éternelle noirceur des rapports de forces. Ce jour-là, le Président devra montrer son vrai visage. Mais pour l’heure, chantons. Et dansons.