Et en plus il faut écrire pour «GHI»

  • Christian Lüscher

    Christian Lüscher

Ce qui est génial, quand on est élu aux Chambres fédérales, c’est que, du jour au lendemain, vous êtes propulsé du néant politique, celui qui ne sait rien sur rien, à expert avisé de tous les sujets de politique fédéral‎e, bref celui qui sait tout sur tout.

Et pour survivre à ce changement de statut, il n’y a pas de miracle: il faut bosser.

Que ce soit en commission ou dans les médias, la survie de la crédibilité du parlementaire dépend de sa connaissance des dossiers. En commission, il vaut mieux maîtriser les mots-clefs en allemand si on ne veut pas être largué, car il n’y a aucune traduction. On a ainsi vu des‎ parlementaires se liquéfier en cours de séance alors même qu’ils connaissaient la matière, faute de comprendre les arguments de ses co-commissaires. Face aux médias, il n’y a qu’un piège à éviter, celui d’accepter d’intervenir, en direct, dans des débats portant sur des sujets qu’on ne connaît pas. Ainsi, le réflexe doit être systématique: connais-je bien le sujet? Quelqu’un d’autre dans mon parti n’est-il pas meilleur sur ce dossier? Cette réflexion en amont de la médiatisation permet d’éviter de sérieux moments de solitude, voire des naufrages. Par exemple, il ne me viendrait pas à l’idée de m’exprimer sur l’assurance-maladie (Isabelle Moret est notre spécialiste) ou sur l’armée (c’est Hugues Hiltpold qui maîtrise). Mais il y a un moment que chaque parlementaire redoute: l’appel de Christine Zaugg, rédactrice en chef adjointe du GHI: c’est le moment où vous vous rendez compte avec angoisse que vous avez largement dépassé le délai de remise de votre article et que, toutes affaires cessantes, il faut pondre un texte d’environ mille signes. Telle est la rude (mais passionnante) vie d’un parlementaire genevois à Berne).