Hausse des primes: colère et combat!

ASSURANCE MALADIE • Pourquoi le taire? La mise en concurrence des Caisses, dans les années 1990, pour en faire des machines à profit, est une erreur historique. La Santé publique, en Suisse, a besoin du retour d’un acteur majeur: l’Etat.

  • Week-end noir pour nos aînés les plus précaires: après l’échec d’AVS Plus, ils ont appris que les primes vont augmenter de 5,7% à Genève l’an prochain! GETTY IMAGES/STEVECOLEIMAGES

    Week-end noir pour nos aînés les plus précaires: après l’échec d’AVS Plus, ils ont appris que les primes vont augmenter de 5,7% à Genève l’an prochain! GETTY IMAGES/STEVECOLEIMAGES

Le verdict est tombé à 10h, lundi 26 septembre: les primes maladie, en Suisse, augmenteront en 2017 en moyenne de 4,5%. Et, pour Genève, de 5,7%! C’est une hausse considérable, une de plus en vingt ans. Avant toute chose, ayons une pensée pour nos personnes âgées, je songe aux plus précaires d’entre elles, sur le plan financier: le dimanche 25, en votation fédérale (AVS Plus), elles perdent tout espoir d’une augmentation des rentes. Le lendemain 10h, on leur annonce les 5,7% de plus pour les primes à Genève. De quoi être amer! Pas seulement pour la baisse de pouvoir d’achat, bien réelle. Mais, bien pire, pour le défaut de considération. Tout juste bons à payer. On est là, on a bossé toute sa vie, on nous pompe, on nous trait, on nous tond. Il est des statuts plus gratifiants.

Erreur historique

Pour revenir aux primes de l’assurance-maladie, il est clair que ça ne peut plus durer. On peut nous balancer tous les diagnostics techniques que l’on veut, comme autant d’écrans de fumée, il faut garder la tête au-dessus du brouillard et considérer l’essentiel: la mise en concurrence des caisses privées, inhérente à la Lamal (loi sur l’assurance-maladie, votée dans les années 1990), est une erreur historique. A laquelle s’ajoutent, en vrac, la chasse au bon patient, l’opacité dans la gestion de certaines caisses, l’accumulation de réserves, toutes choses que tout le monde connaît, mais contre lesquelles rien ne semble possible. Comme si l’inéluctable devait l’emporter. Comme si la politique, qui est justement l’affaire des choix volontaristes d’une communauté humaine, devait baisser les bras. A cette tentation de l’impuissance, il faut, violemment, fraternellement, dire non.

Dire non!

Dire non, c’est remettre le citoyen sur le chantier de l’avenir. La santé publique, en Suisse, appartient à tous, pas seulement aux conseils d’administration des grandes caisses, ni à leurs relais ou lobbyistes sous la Coupole fédérale. Les solutions de réforme, dans un monde où chaque spécialiste s’abrite derrière la prétendue complexité des enjeux, doivent dégager des lignes simples, lisibles par tous. Pour ma part, même si les principes de Caisse unique, puis de Caisse publique, ont été refusés par le peuple, ce qu’il faut bien sûr accepter et respecter, je n’entrevois d’autre avenir à l’assurance maladie que par le grand retour d’un acteur qui n’aurait jamais dû, il y a vingt ans, en être écarté aussi brutalement: l’Etat. N’entendez pas, je vous prie, des cohortes de fonctionnaires, non bien sûr. Mais les collectivités publiques! Les cantons, ou des groupes de cantons. Ou la Confédération. Dans la santé publique, on doit remettre au premier plan, non pas la recherche du profit, mais l’intérêt supérieur du plus grand nombre. Pour cela, il faut réformer en profondeur la Lamal. L’expurger du parfum d’ultra-libéralisme des années 1990. Refaire de la santé publique ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être: une fonction première, régalienne, de l’Etat. Et non une machine, pour quelques-uns, à faire du fric.