Le ministre et le pharmacien

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet

Mauro Poggia, ministre de la Santé, rêve-t-il parfois du député UDC Thomas Bläsi? Ou, plutôt, cauchemarde-t-il? A-t-il envie de le couper en fines lamelles? De le rôtir à petit feu, tout en le piquant avec des fourches? Ne brûle-t-il pas, plutôt, de neutraliser ce pharmacien d’enfer dans une bonne dose de formol?

Ces questions, si vous avez assisté, ce vendredi 24 février, au débat du Grand Conseil sur la future pharmacie des HUG (débat qui, en soi, ne déchaîne que modérément les passions dans les bistrots), vous pouvez légitimement vous les poser. Tant était palpable la tension entre les deux hommes. Tant le ministre, qui s’efforçait de garder son calme, était exaspéré. Tant il fulminait de l’intérieur.

Car Mauro Poggia, homme brillant et remarquable esprit de synthèse, est un faux calme. Il déteste qu’on l’attaque, qu’on mette en cause la cosmique perfection de ce qui dépend de lui. Le problème, c’est que la mission d’un député est précisément d’aller chercher noise aux magistrats, de les contrer parfois, les contrôler, entrer avec eux dans une dialectique de mise en cause: c’est la principale vertu de la séparation des pouvoirs.

A ce jeu, le député Bläsi va jusqu’au bout, voire parfois… un peu plus loin. Voilà des années qu’il cherche le magistrat Poggia: là, il l’a trouvé. Mais au final, c’est le conseiller d’Etat qui perd. En termes d’image, il montre son ébullition interne. Et l’emmerdeur apothicaire a gagné. A quand, le prochain épisode?