Naturalisations: le droit de dire non

VOTATIONS • Lorsqu’un objet est soumis au corps électoral, chaque citoyenne, chaque citoyen, est libre de voter comme il l’entend. Les Suisses sont rompus à l’exercice de la démocratie directe. Et détestent les pressions, ou intimidations.

Le 12 février, nous nous prononcerons sur la naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération. Il ne s’agit pas de l’octroyer de façon automatique: les jeunes concernés devront en faire la demande, avoir moins de 25 ans, être nés en Suisse, y avoir fait cinq ans d’école; l’un des parents devra avoir passé au moins dix ans dans notre pays; l’un des grands-parents, être né en Suisse ou y avoir obtenu un droit de séjour.

Voter en conscience

Sur cet objet, comme sur toute votation qui lui est soumise, chaque citoyenne, chaque citoyen de notre pays a totalement le droit de dire oui. Et, tout aussi totalement, celui de dire non. Il n’appartient à personne de faire régner, dans un sens ou dans l’autre, un climat de pesanteur et de menace morale. Par exemple, en traitant de xénophobes les partisans du non. Les citoyens ne se laisseront pas impressionner par ce genre d’intimidations, d’ailleurs largement contre-productives: chacun d’entre nous, de Genève à Romanshorn, de Bâle à Chiasso, votera en conscience. Nul n’a de leçon à recevoir de quiconque.

Arguments

Dans mon émission Les Yeux dans les Yeux, sur Léman Bleu, j’ai donné la parole aux deux camps: la Verte Lisa Mazzone pour les partisans; l’UDC Eric Bertinat pour les opposants. Chacun avait des arguments valables, méritant d’être pris en considération. Il nous appartient de les écouter, eux et les autres, puis, en totale liberté citoyenne, de faire notre choix. Les partisans nous disent que, de facto, par leur intégration, ces jeunes sont déjà quasiment des Suisses. Les opposants nous rappellent que la naturalisation doit se mériter, et qu’il n’y a pas de raison particulière de la «faciliter» pour une catégorie, plutôt qu’une autre. Fort bien. Encaissons tous ces arguments, brassons cela, réfléchissons, et… décidons.

Citoyens libres

Mais décidons souverainement. En nous demandant, chacun d’entre nous, quelle solution sera la meilleure pour notre pays, sa cohésion, son tissu social. Et non en nous laissant diaboliser par un camp, qui s’érige, on se demande bien en quel honneur, en défenseur du Bien et de la morale. On a le droit de dire oui. Et on a celui de dire non. Comme nous avions ces deux droits, en parfaite égalité, le 6 décembre 1992, sur l’Espace économique européen; comme nous l’avions le 9 février 2014, sur l’immigration de masse. Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres. Nous n’avons de mot d’ordre, ni de leçons de morale, à nous faire asséner par personne.

Quant aux petits prédicateurs de pacotille qui croient impressionner le citoyen en traitant de «xénophobes», voire de «racistes» les partisans du non, ils pourraient bien, au soir du 12 février, en être pour leurs frais: le corps électoral suisse, adulte, mûr et vacciné, rompu comme nul autre à l’exercice de la démocratie directe, déteste ce genre d’insultes et de pressions. On lui pose une question. Il a le droit de dire oui. Et il a le droit de dire non. C’est ainsi. Et c’est tout.