Burn-out, ce tueur silencieux

NEUROPHYSIOLOGIE • Le mur de l’épuisement guette de plus en plus de personnes. Mettre un nom sur un état de fait et – surtout – s’en protéger devient désormais capital.

  • La pression au travail est l’une des causes principales du burn-out. GETTY IMAGES/GRINVALDS

    La pression au travail est l’une des causes principales du burn-out. GETTY IMAGES/GRINVALDS

Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé-Réseau de santé Delta. www.reseau-delta.ch

Non, le burn-out n’est pas une autre de ces maladies du siècle inventées par une industrie pharmaceutique alliée à des professionnels avides. Bien qu’il arrive à tout le monde d’affirmer: «Je suis en burn-out!» pour exprimer sa fatigue du moment, la maladie a été précisément décrite dès les années 80.

Loin d’être une lassitude passagère, le burn-out est le résultat d’un stress chronique qui épuise les neurones produisant la noradrénaline. Cette substance, à la fois neurotransmetteur et hormone, est indispensable à notre équilibre nerveux. Sans elle surgissent anxiété, troubles majeurs du sommeil, fatigue, troubles de la concentration et, surtout, des troubles cognitifs importants pouvant aller jusqu’à la confusion mentale.

Les hypers responsables menacés

Mais comment peut-on en arriver à une exténuation telle que nos neurones nous trahissent? Comment tombe-t-on dans ce que le psychiatre belge Bernard Fourez a un jour défini comme «une maladie de l’âme en deuil de son idéal»? Le monde moderne peut revendiquer sa part de responsabilité. La situation économique actuelle implique d’en faire toujours plus avec toujours moins de personnel et met une pression énorme sur les travailleurs. En outre, dans leur pratique les psychologues constatent que les plus touchées sont les personnes les plus responsables et impliquées dans leur travail. Celles qui peinent à dire non, qui prennent sur elles, les hyper-responsables.

Spirale infernale

Un cercle vicieux s’engage alors souvent. Les gens qui glissent dans le burn-out renoncent, en effet, de plus en plus à des activités qui les ressourceraient: le sport, les sorties entre amis, etc. Soit parce qu’ils se sentent trop épuisés, soit parce que, ayant l’impression de ne plus être aussi efficaces, ils restent plus longtemps au travail dans l’espoir d’avancer, augmentant encore leur épuisement. C’est pourquoi il est capital de reconnaître rapidement les symptômes et de les traiter. Dans ce cadre, écouter ses proches et son médecin-conseil restent les premières choses à faire. Tout un chacun pourra aussi se baser sur les tests et les pistes données par le site noburnout.ch.

Avis de l'experte - Le Burn-out

POURQUOI FAUT-IL FAIRE ATTENTION AU BURN-OUT?

Le burn-out entraîne une incapacité de travail qui, dans les cas graves, peut durer plusieurs mois et coûte donc très cher en termes d’angoisse et de dévalorisation. Sans parler des coûts en perte de gains et en soins de rétablissement. Il est donc capital de repérer rapidement les premiers troubles, le traitement étant plus rapide et la souffrance moindre.

COMMENT LE PRÉVENIR?

Un des signes est la rumination du travail qui envahit petit à petit l’entier de la vie privée. Si l’épuisement n’est pas encore trop important, commencez par fixer un objectif protecteur. Dire: «Désolé, je dois terminer cette tâche urgente, je ne pourrai pas m’occuper de votre demande avant demain» ou décider de quitter son travail à l’heure une fois dans la semaine. Attelez-vous aussi à hiérarchiser vos priorités et à réorganiser les travaux en retard. Cela permet de redonner du contrôle sur la situation.

EN CAS DE BURN-OUT AVéRé, QUE FAIRE?

Prenez rendez-vous chez votre médecin traitant et faites éventuellement un check-up. Si les symptômes sont très importants, le généraliste conseillera peut-être de consulter un psychothérapeute (médecin psychiatre ou psychologue). Il s’agira de mettre des mots sur le mal-être, de reprendre de la distance, d’estimer quel peut être l’impact sur la vie de couple ou de famille.