Au commencement étaient les barbituriques. Mis sur le marché dans les années 50, leur effet était calmant et euphorisant. Ils furent à l’origine de nombreuses dépendances et de suicides parfois retentissants, comme celui de Marilyn Monroe, morte d’une surdose de Nembutal, le barbiturique le plus connu, avec le Véronal.
Puis vinrent les benzodiazépines. Apparus dans les années 60-70, ils connurent leur heure de gloire sous les noms de Valium, Xanax ou Dormicum. Efficaces contre l’insomnie, l’anxiété, l’agitation, ils ont le tort de provoquer des accoutumances fortes et sont classés comme drogues dans de nombreux pays. Toutefois, prescrits comme médicaments de confort par des thérapeutes un peu pressés, ils ont été à leur tour fort décriés.
«Pilule du bonheur»
Enfin, les années 80 et 90 virent l’arrivée des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Un nom barbare pour ce que les médias appelèrent bientôt «la pilule du bonheur» et que le grand public connaît – entre autres – sous les noms de Prozac (aux Etats-Unis) ou Fluctine (en Suisse). Les effets secondaires sont nettement moins invasifs, ce qui a poussé certains à les prescrire sur le coin d’une table, et a ajouté à la confusion.
Une maladie mortelle
Pourtant, les professionnels, considèrent les ISRS comme une révolution. Enfin, il devenait possible de traiter les dépressions avérées. Enfin, on ne passait plus des mois entiers dans des établissements psychiatriques. Cette maladie était désormais traitable et les effets secondaires souvent supportables. Les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ont contribué à inclure des unités de psychiatrie dans les hôpitaux mêmes et non plus à l’écart, en périphérie des villes.
Toutefois, environ 20% des patients reçoivent des antidépresseurs de dernière génération. Car loin de l’usage commun du mot, la dépression est une maladie aux contours bien définis. Il ne s’agit pas de traiter la déprime ou la tristesse. La dépression implique deux critères majeurs: d’un côté, la tristesse, le pessimisme, les pensées négatives et, de l’autre, l’anhédonie, c’est-à-dire l’inintérêt à la recherche du plaisir. En outre, pour parler de pathologie, il faut que le trouble influe sur les liens sociaux, familiaux ou professionnels.
Une fois reconnue, la dépression doit être traitée de manière personnalisée. Le psychiatre a à sa disposition une palette d’antidépresseurs dont il usera avec doigté. Il s’agit en effet d’éviter les rechutes – qui représentent plus de 50% des cas – afin de ne pas en faire une maladie chronique, potentiellement mortelle, rappelons-le.
Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé-Réseau de santé Delta. www.reseau-delta.ch