Web et maladie: une relation sulfureuse

INTERNET • «Vous êtes malade? N’allez surtout pas sur le web!» Cette rengaine des débuts d’internet n’a plus cours. Il s’agit désormais d’utiliser l’outil à bon escient.

  • Avoir recours à internet? Oui, mais intelligemment.. GETTY IMAGES/VERTIGO3D

    Avoir recours à internet? Oui, mais intelligemment.. GETTY IMAGES/VERTIGO3D

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    Avoir recours à internet? Oui, mais intelligemment.. GETTY IMAGES/VERTIGO3D

Avec la collaboration du Pôle prévention et promotion de la santé-Réseau de santé Delta. www.reseau-delta.ch

Côté consommation, la situation est assez claire: l’achat de médicaments sur le web n’est possible que s’ils sont prescrits par votre médecin. Et ceci est valable aussi pour les substances disponibles sans ordonnance. Toutefois, même si vous pouvez produire une prescription en bonne et due forme de votre docteur, leur importation n’est pas libre. Vous ne pourrez faire venir depuis l’étranger qu’une petite quantité de produits qui correspond généralement à un mois de traitement. De l’étranger? Oui, car la vente de médicaments sur le web est interdite en Suisse, sauf rares exceptions.

Importations frauduleuses

Mais même si vous restez dans la légalité, l’achat de remèdes sur la toile est risqué. Délivrés sans contrôle par des sites dont le profit est le seul but, les produits sont de qualité inégale, parfois contrefaits. Swissmedic, le gendarme des médicaments, propose et met à jour tout un matériel qui peut servir à s’y retrouver dans cette jungle (swissmedic.ch).

Si vous tentez le diable et achetez vos spécialités de manière illégale sur le web, la frontière est encore plus floue. L’an dernier, les douanes ont saisi plus de 1000 envois de médicaments illégaux. Les contrevenants risquent des amendes, mais aussi de voir leur santé péjorée. Ainsi, en 2016, plus de 60% des substances importées frauduleusement provenaient d’Inde ou d’Asie, des régions peu réputées pour leurs contrôles. Sans surprise, la majeure partie des envois concernait des substances favorisant l’érection et près de 14% des somnifères.

Passionné par sa maladie

Les lunettes, quant à elles, sont librement disponibles sur internet. Toutefois, seules les personnes dont la vue n’est que légèrement atteinte y trouveront leur compte. Pour tous les autres, les conseils d’un opticien restent incontournables. Les porteurs de lentilles de contact, dont la force et le rayon de courbure sont connus, trouveront sur le web un Eldorado à bas prix.

Mais là où internet peut véritablement faire la différence, c’est dans la collecte d’informations en ligne sur votre propre cas. Chercher – et trouver – des renseignements de qualité sur sa propre maladie contribue en effet au succès du traitement, en particulier dans les affections chroniques. Par ailleurs, les médecins n’ont pas le temps de tout dire aux patients patients et ceux-ci n’osent parfois pas leur poser toutes les questions. Or, il est important de ne jamais être dans l’incertitude au sortir d’un rendez-vous. Car, un patient passionné par sa maladie est un patient qui s’investit, qui comprend mieux et qui se bat. De quoi faire baisser ce chiffre qui inquiète bien des médecins: près de 50% de leurs malades ne prennent pas – ou mal – les médicaments qu’on leur prescrit.

Avis du spécialiste Dr Jean-gabriel jeannot Spécialiste en médecine interne

COMMENT TROUVER UNE BONNE INFO SUR LE WEB?

Les patients sont capables de faire le tri. Lorsqu’ils me disent: «Je sais, je ne dois pas aller sur internet», je leur réponds d’y aller au contraire et d’utiliser des sites de qualité. Comment les trouver? D’abord en évitant Google. Ce moteur de recherche ne donne pas de bons résultats en matière de santé et de médecine, parce que ses algorithmes fonctionnent d’abord sur la notoriété et que les sites de qualité sont mal répertoriés.

DES CONSEILS POUR UNE RECHERCHE MÉDICALE?

Commencez par un portail santé contenant des informations vulgarisées, comme planetesante.ch, ciao.ch (pour les ados) ou monenfantestmalade.ch (soins pédiatriques). Sérieux et vulgarisation sont les maîtres mots. Puis tapez dans un moteur de recherche le nom de la maladie suivi du mot suisse. On tombe presque toujours sur le site de l’association faîtière de la spécialité qui contient une mine de renseignements. Mais internet ne remplace en aucun cas une consultation médicale.

Pour en savoir plus: medicalinfo.ch