J’aimerais bien savoir si la consommation régulière de haschich ou de cannabis a des effets sur la sexualité des hommes et des femmes? Si oui, lesquels et s’ils sont réversibles?
Je ne suis pas une spécialiste des toxicomanes, mais je peux vous transmettre ce que j’ai observé dans mes consultations en tant que médecin-psychiatre sexologue. De manière générale, ces drogues ont un effet anxiolytique et de détente qui peut favoriser la vie sexuelle. En diminuant les angoisses de rapprochement, il est plus facile d’aller vers l’autre et de surmonter sa timidité pour avoir des relations intimes. L’anxiété de performance est aussi apaisée chez celles et ceux qui ne sont pas sûrs de leurs capacités ou de leurs prestations sexuelles. Mais la détente procurée par le cannabis peut favoriser les rapprochements au point d’entraîner des comportements de promiscuité excessive. Cela permet à certains jeunes hommes de profiter, voire même d’abuser, de jeunes femmes par ailleurs inaccessibles lorsqu’elles sont dans un état de conscience non modifié.
Le cannabis est connu pour modifier la sensibilité physique. Au début de sa consommation, les sensations sont exacerbées, ce qui augmente le désir et l’excitation. Cette hypersensibilité va entraîner ou aggraver une éjaculation précoce chez les hommes. Mais, au bout d’un certain temps, les consommateurs décrivent plutôt une anesthésie globale, qui se manifeste tant sur le plan physique que psychique. Celle-ci va alors engendrer peu à peu un désintérêt pour la sexualité qui devient beaucoup moins plaisante. Tant les hommes que les femmes peuvent souffrir d’anorgasmie sous l’effet de ces drogues, qui peuvent aussi entraîner des troubles de l’érection et de l’éjaculation. Il faut savoir que ces effets secondaires ne disparaissent pas immédiatement à l’arrêt de la consommation et qu’il faut compter parfois plusieurs mois pour pouvoir retrouver ses sensations génitales et corporelles antérieures.
Ainsi, si ces drogues qualifiées de «douces» semblent favoriser des comportements sexuels plus libres au début de leur consommation, elles engendrent assez rapidement des difficultés durables, surtout lors d’une consommation quotidienne, effets secondaires qui peuvent mettre beaucoup de temps à se résorber même après l’arrêt de leur prise.
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