Dessert au sang menstruel

Dr Juliette Buffat, médecin-psychiatre et psychothérapeute FMH, spécialisée en sexologie et en thérapie de couple depuis plus de 20 ans, partage son expérience de sexologue et répond à toutes vos questions.

Pour mon anniversaire, j’ai préparé une panna cotta avec mon sang menstruel pour mon chéri qui se montre très ouvert à l’égard de ces expériences personnelles. Cependant, quand j’en ai fait part à l’une de mes amies proches, elle m’a traitée de folle. Depuis elle refuse de me parler… Suis-je anormale?

 

  • Dessert au sang menstruel

    Dessert au sang menstruel

Non vous n’êtes pas folle, surtout en cette période où le retour à la nature est à la mode. Je rencontre fréquemment des personnes qui préfèrent prendre des médicaments à base de plantes que ceux produits par l’industrie chimique, et prescris volontiers du millepertuis à la place d’un antidépresseur ou de la valériane au lieu d’un somnifère. De là à cuisiner un dessert avec du sang menstruel, je n’avais jamais entendu ça! J’imagine que sa couleur rouge se substitue bien au traditionnel coulis de framboises, même si ça n’a pas tout à fait le même goût, ni la même consistance… Votre copain est-il dans le milieu médical ou biologique pour se montrer si ouvert d’esprit et curieux de tester vos «folies expérimentales»?

Vous inscrivez clairement votre démarche dans une volonté de «revenir à l’essence féminine universelle». Et vous ne craignez pas de vous intéresser à certaines pratiques marginales pour y parvenir. J’ai observé que nombreuses sont les femmes peu connectées avec leur féminité et qui n’entretiennent pas de bons rapports avec cette partie de leur personnalité ou de leur anatomie. Pour exemple, rares sont celles qui parlent avec amour et gentillesse de leurs organes génitaux, ou qui ont donné un joli petit nom familier à leur sexe (comme le font volontiers nos compagnons masculins). Elles méconnaissent leur intimité et peinent à accepter les variations de leur cycle hormonal physiologique, en particulier pendant la période des règles où elles vivent mal les saignements, changements d’humeur, irritabilité ou douleurs du bas-ventre. D’où le développement de méthodes contraceptives qui suppriment purement et simplement les cycles menstruels et rendent les femmes soi-disant disponibles sexuellement 365 jours par an. Où est passé le temps où les vestales célébraient leur féminité en dansant et copulant joyeusement à la pleine lune, sans être gênées par l’écoulement de sang entre leurs jambes (qui est par ailleurs un excellent lubrifiant naturel)?

 

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes 

par la rédaction. 

Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: 

cherejuliette@ghi.ch